Ce vendredi 13 novembre 2015 me rappelle un autre jour.
Il faisait chaud à la bibliothèque de ma faculté de médecine ce 25 juillet 1995.
Nous étions étudiants, nous préparions le concours de l'Internat, au moment où les
bruits assourdissants des véhicules des pompiers et du SAMU et leurs lumières
stroboscopiques, arrivés aux urgences, ont attiré notre attention. Nous avions
compris que quelque chose s'était produit peut-être pas très loin.
A l'époque, rappelons-nous, pas d'iPhone, pas de BFM TV, pas de Facebook, pas de Twitter... (mes connaissances s'arrêtent là, vous pouvez compléter), donc pas
d'information immédiate, seulement des suppositions. Après renseignements
pris au sein de la faculté et aux urgences médico-chirurgicales en face, un
RER aurait déraillé à la station St-Michel vers
17h30, faisant morts et blessés. Situation de crise à l'hôpital.
Nous
avions repris nos blouses dans nos services respectifs, nous nous étions portés
volontaires pour aider nos collègues aux urgences, d'abord par humanité, par
compassion, mais aussi parce nous savions à quel point la médecine de
catastrophe était formatrice et utile. C'est un moment extraordinaire pour un
médecin au sens propre du terme.
Mais
nous ne savions pas alors de quelle catastrophe il s'agissait vraiment.
Aux
urgences, les brancards s'entrechoquaient, l'anarchie régnait. Les blessés
saignaient, les cris nous habitaient. De nombreuses sutures après, nous sommes
enfin rentrés chez nous. Et là, dans nos radios, dans nos télés, le mot était
lâché: attentat.
Depuis,
vingt ans ont passé. Depuis, tout a changé: les combats, les ennemis, les
gouvernements, les médias, la façon de relayer les informations, la façon de
réagir aux informations. Tout a changé? Quand le pire vient d'arriver, comment se douter que ce ne serait pas un cas isolé, qu'il y aurait d'autres vies dévastées.
Je
n'avais (presque) jamais évoqué cet événement, ni à mes amis, ni à ma famille,
jusqu'à aujourd'hui, avec les yeux rougis.
F
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