samedi 25 juillet 2015

Rencontres du 3e type

La jolie trentenaire venue en consultation ce matin-là pour l’examen de ses grains de beauté avait crée sa propre entreprise, une sorte d’agence de rencontres basée sur les sorties et les week-ends en groupes. Je suis toujours admirative des créateurs de start-up. C’est en écumant tous les sites de rencontre qu’elle avait trouvé cette (bonne) idée. N’étant ni (très) jeune ni d’Amérique du Nord, je n’avais jamais côtoyé tous ces sites. Les rencontres mythiques, les rencontres très rapides, les rencontres après validation d’un panier (avec parfois une remise?), les rencontres triées sur le volet avec uniquement des gens élus et attirants…
Lors de l’apparition de ces sites sur la toile, n’y connaissant rien, j’avais été sceptique quant à la réussite de ce concept. C’est finalement une idée très ancienne, vieille comme le monde, idée que mon arrière grand-mère Rachel avait déjà eu au début du vingtième siècle, dans son petit village reculé. Mais elle est ici  remise au goût du jour, dans une version moderne avec des rencontres électroniques (voire électroniquées…)
J’étais de prime abord surprise, que cette patiente y ait eu recours. C’est vrai que ma patiente était drôle, indépendante, intelligente. Mais à part ces points bloquants, elle semblait coller parfaitement aux stéréotypes de la misère masculine : blonde, vêtements de cuir, bon ratio fesses-poitrine …
Rien à voir avec une quelconque solitude ou timidité. C’est une question d’époque. Elle m’expliquait les tenants et les aboutissants de la vie numérique. Si vous voulez connaître les dernières informations, une recette de cuisine, une idée cadeau, lire un livre, acheter un chat (ou une chatte), converser avec des amis (proches ou non), vous finissez toujours par coller votre regard à un ordinateur ou à une tablette. C’est devenu un réflexe à tout âge.
Alors pourquoi ce ne serait pas pareil pour rencontrer quelqu'un. Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. Après tout, la relation établie après ne sera pas plus virtuelle que si elle était issue d’une rencontre aléatoire dans un bar.

F

1 commentaire:

  1. Définitivement j'adore ! Ecrit avec beaucoup de finesse. On en redemande
    Sophie

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