C’est l’histoire d’une jeune femme Phyllis, 22 ans, dont vous apercevez avec son accord l’arrière-gorge sur la photo et en particulier son amygdale gauche avec une zone creusée blanchâtre en son centre. Cette jeune femme avait une symptomatologie d’angine non fébrile : mal de gorge, un ganglion douloureux et gonflé, difficultés lorsqu’elle avalait…
Son médecin généraliste, a évoqué une atteinte due à
une bactérie classique mais en prescrivant des prélèvements de la zone suspecte
de la gorge au laboratoire, il a également demandé une recherche de treponema
pallidum. Et là, bingo, le tréponème a été retrouvé en grandes quantités. C’était
donc un chancre syphilitique. Le chancre signe dans cette maladie le point d’inoculation
c’est-à-dire la zone de pénétration de l’agent infectieux…
Lorsqu’il me l’a adressé pour explications et traitement,
elle a eu la même réaction que tous les gens à qui on parle de syphilis : « ça
existe encore cette maladie, ça n’a pas disparu ? »
Je lui ai expliqué que la syphilis était une
infection sexuellement transmissible, très contagieuse et potentiellement
grave. De plus, comme de nombreuses IST, elle peut passer inaperçue : chancre
indolore, dans un deuxième temps plaques de syphilis secondaire prises à tort pour
une atteinte non infectieuse… J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer cette maladie
qui n’a jamais disparu, en détails (1,2).
Comme une infection sexuellement transmissible peut
en accompagner d’autres, il faut toujours les rechercher même en l’absence de
symptômes (cas le plus fréquent), un bilan IST s’imposait. Les IST se
transmettent principalement par contact cutané lors d’un rapport sexuel par
voie vaginale, anale ou orale. La transmission a lieu également via des caresses
intimes, des rapports bucco-génitaux, avec ou sans pénétration.
Le bilan est à la fois sanguin et génital : sérologies
HIV, hépatites virales B et C, sérologie syphilis (pour suivre son évolution), sérologie
herpès, recherche de gonocoques, chlamydiae, trichomonas, frottis
cervico-vaginal pour la recherche de papillomavirus… Si les IST ne sont pas
traitées ou prises en charge tôt, les conséquences sont préoccupantes :
salpingite (atteinte des trompes), stérilité, troubles de la fertilité… pour
certaines, hépatites chroniques ou pire pour d’autres.
Par ailleurs, j’ai mené mon enquête auprès de
Phyllis en évoquant les partenaires des dernières semaines et de découvrir ainsi
le patient 0. Le but étant de couper court à une épidémie, c’est une étape
essentielle.
Je l’ai vue énumérer ses dernières conquêtes :
Tim, Sami, Edouard, Florian et Mona...« Je suis encore trop jeune pour me
cantonner à une seule sexualité, je ne me veux pas me décider » m’a-t-elle
fait remarquer. Aucun rapport n’avait été protégé. Pour être claire, je me
réjouis que les gens aient des relations intimes et je n’ai aucun problème
moral ni avec l’infidélité ni avec les partenaires multiples.
En revanche, malgré un interrogatoire poussé et des
investigations avec l’accord des partenaires, je n’ai jamais réussi à trouver
qui avait contracté la maladie en premier, ni réussi par conséquent à briser la
chaîne de transmission et ça c’est un gros problème : la syphilis circule
dans Paris… FF
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire