lundi 10 août 2020

Arrêter la malédiction

 

Te souviens-tu de l’année 2020 ? Celle qui devait faire oublier 2019. Au début, on a tenu en respect le cyclone puis on l’a regardé nous atteindre. On a cherché des explications. Ce virus n’avait pas de sens, on a essayé de rationaliser son arrivée, nous fait remarquer Etienne Klein.                    

Un avertissement de la nature ? Le climat maltraité, l’hyperconsumérisme ? Une punition de Dieu ? Certains l’avaient même prédit à les écouter. On a fantasmé les finalités de ce nouveau virus. Il pourrait mettre en exergue les tares de notre société et nous obligeait à y remédier. Il pourrait être à l’origine d’une solidarité dans un véritable repentir partagé, le jour d’après.

On manquait d’informations, de protections. Les services de réanimation se remplissaient. Le comptage morbide quotidien allait débuter. Il fallait absolument stopper sa transmission. Arrêter la malédiction.

Alors le premier temps fort de sa gestion a été l’assignation à résidence, acceptée avec une résignation quasi désarmante. Bernard-Henri Levy s’en est ému dans son dernier essai (le virus qui rend fou). On n’avait pas de traitement autre que l’isolement. On a mis en berne la vie et l’économie au profit du tout sanitaire. Les célibataires devraient le rester au moins quelques semaines, les femmes battues devraient patienter, les personnes fragiles devraient compter sur la contribution amicale ou familiale pour se nourrir. On n’a plus observé le monde qu’à travers le prisme de la Covid 19. On n’a plus parlé des conflits, des famines, des autres maladies. On a comparé les pays du Nord au Sud dans leur gestion de cette seule maladie : la Suède qui avait décidé de ne pas se confiner, l’Inde où l’on risquait des coups de bâton si on n’appliquait pas strictement le confinement…

Outre les informations des scientifiques ou des politiques, les réactions individuelles face à ce virus ont varié de façon très intéressante d’une personne à l’autre : de celui qui nettoie frénétiquement ses courgettes à l’eau de javel à celui qui ne conçoit jamais le port d’un masque, jugé inutile ou liberticide.

Puis, deuxième temps fort, il y a eu ce scientifique. Pas le messie ni un charlatan, un professeur de maladies infectieuses. Il fallait arrêter la malédiction. Dans cette ambiance de chaos et d’hésitations, il avait des convictions, il avait une intuition. Et il l’a clamé telle une affirmation. Jusqu’à être acclamé par certains, hué par d’autres. Son intuition a été déclinée et extrapolée : traitement protecteur, traitement préventif, traitement curatif ?

Mais parviendrait-on à shunter le temps scientifique ? Tout le monde s’était déjà fait une opinion, l’ère du « je ne suis pas médecin mais… » avait commencé. Certaines idées semblent intuitivement plausibles même sans tout connaître comme le bien- fondé de la fermeture d’une centrale nucléaire. 

On était allé plus loin dans ce cas précis. On assistait à l’émergence de deux camps à l’origine de vives tensions. D'abord parmi les scientifiques dont de nombreux estimaient cette thérapeutique inefficace voire dangereuse, Les pressions quant à sa prescription se sont vite exercées.

Puis au sein du grand public (téléspectateurs, twittos, acteurs, footballeurs,…), certains vénéraient l’idée de l’antidote, d’autres la personnalité de ce professeur. Des dissensions sont apparues au sein des politiques français et internationaux. Comme si un remède pouvait être de droite ou de gauche. Un véritable militantisme décorrélé de la connaissance pour reprendre l’expression d’Etienne Klein. 

En effet, même si la frontière est floue entre croyances et connaissances, il faut les distinguer. Il n’appartient qu’aux études scientifiques in vivo pas in vitro, de donner les conclusions, pas au public, pas aux fans club, et au pouvoir politique de les utiliser en fonction de différents paramètres, sans tenir compte uniquement de la médecine.

FF

 

jeudi 16 avril 2020

Le Sars Cov2, on l'a vraiment dans la peau?


En consultation ou en téléconsultation de dermatologie, il n'est pas étonnant à l'heure actuelle d'observer des dermites d'irritation au gel hydroalcoolique ou aux lavages antiseptiques, ni de constater une recrudescence de certaines pathologies dont l'angoisse a pu être un facteur déclenchant : zona, poussée de psoriasis…
En revanche, certains signes dermatologiques, dans ce contexte épidémique, n'ont pas manqué de faire réagir nombre d'entre nous et nos collègues médecins généralistes.
Le président du syndicat des dermatologues, a lancé un groupe whatsapp, qui compte plus de 400 dermatologues libéraux, hospitaliers, militaires, pour échanger sur nos retours. La Société Française de dermatologie nous a demandé de colliger les cas observés (COVID SKIN) tout comme aux USA son équivalent l'AAD (American Academy of Dermatology)

D'abord, ces lésions rouges ou violacées un peu gonflées, permanentes, prurigineuses souvent, sensibles parfois, des orteils et des doigts, mimant des engelures, régressant en 8 à 15 jours.
Habituellement, les engelures, forme d'acrosyndrome (trouble vaso-moteur des extrémités). surviennent en saison froide. Il existe d'autres types d'acrosyndrome comme le phénomène de Raynaud qui lui est plutôt intermittent et évolue par phases, les atteintes artérielles très douloureuses chez les sujets prédisposés (tabagiques, diabétiques).
Les atteintes des extrémités, en particulier les orteils bleus, peuvent se manifester lors d’infections sévères et étendues, surtout en milieu hospitalier.

Hors là, nous remarquons ces lésions en ce moment, alors qu'il fait beau, souvent chez des adolescents, enfants, adultes jeunes, sans antécédent particulier, qui vont bien.
Ils ne présentent la plupart du temps peu ou pas (ou plus) de signes faisant suspecter une infection à Covid19 : la fièvre, la toux, la fatigue sont rares chez ces patients.
Il existe un écart entre la pauvreté de la symptomatologie infectieuse et les lésions parfois très importantes des orteils ou des doigts parfois violacées presque noires.
Le nombre élevé de cas similaires, le terrain, les circonstances d'apparition font donc évoquer un lien entre ce coronavirus et la peau.

D’autres atteintes dermatologiques ont été observées en Asie, en Europe et aux Etats-Unis : des éruptions urticariennes peu spécifiques sans cause retrouvée, des éruptions ressemblant à des varicelles, des éruptions mimant des réactions cutanées au soleil alors même que les patients confinés n’ont pas été exposés au soleil et qu’ils n’ont pas pris de médicament favorisant ce type de réaction…
Une recrudescence d’atteintes des mains et des pieds (bulles, nodules douloureux…) est à considérer chez les petits enfants.

Enfin, des atteintes muqueuses à type d’aphtes sont également rapportées.
Il n’est pas possible de conclure à une relation avec le Sars Cov2 formellement à ce stade.
Seules des hypothèses sont émises.

D’abord il faut rechercher le virus en sachant que cette recherche est surtout intéressante dans le sang (voire dans les prélèvements de peau) puisque le virus peut ne plus être présent au niveau du pharynx, et que la PCR revient souvent négative, au moment de l’apparition de ces signes cutanés.


Puis le ou les mécanismes de l’apparition de ces lésions dermatologiques seront à identifier et à expliciter.

On sait notamment grâce aux pneumologues que le caractère thrombogène (favorisant les caillots de sang) de ce virus est largement suspecté d’où les embolies, thromboses, micro-thromboses au niveau pulmonaire mais aussi cérébral (même en l’absence de terrain propice aux AVC), digestif …

On a également l’impression que ce virus entraîne une réponse immunitaire décuplée, il conviendra de rechercher s’il déclenche des phénomènes immunitaires dans la peau.
Ces deux éléments sont des pistes de travail, à étayer grâce à nos différents bilans biologiques, histologiques.

Ce nouveau virus n’a pas fini de nous étonner tant il est l’origine de tableaux cliniques variés en touchant de multiples organes. 
Hormis l’atteinte broncho-pulmonaire qui en fait souvent sa sévérité, la perte de goût et d’odorat devenues classiques en quelques semaines, les diarrhées par atteinte digestive, il est possible que ce virus affecte la peau.
L’enquête est en cours. FF



mardi 31 mars 2020

Communication virale


Trois jours après le début du confinement, j’ai senti brutalement mon cœur se serrer et ma respiration s’accélérer à tel point que j’étais concentrée dessus. J’ai cru à un infarctus du myocarde. Et puis, un cortège de signes fluctuant d’un jour à l’autre qui ne s’intégraient dans rien de connu : fièvre, courbatures atroces, perte complète du goût et de l’odorat, soif… Certains perdurent encore aujourd’hui.

Le test de dépistage a confirmé la présence de Coronavirus dans le nasopharynx. J’ai eu des moments très difficiles avec des quintes de toux, une fatigue incroyable m’obligeant à dormir plus de la moitié de la journée, des épisodes de confusion, la peur de m’étouffer.

Ce virus semble extrêmement agressif, il est à l’origine d’une symptomatologie très riche en touchant différents organes, bien sûr l’envahissement des poumons, mais probablement également le système nerveux central. Ce qui pourrait jouer dans la perte de l’odorat et du goût plus que par une atteinte de la sphère ORL, et agir sur la symptomatologie respiratoire en précipitant la désaturation (manque d’oxygène dans le sang). Bien entendu, ce ne sont que des hypothèses, je n’ai pas la légitimité de tirer ces conclusions.

Il y a quelques jours, relevant un instant le nez de ma profonde léthargie, j’ai réalisé que la France était désormais scindée en deux : les pro-Raoult et sa proposition de traitement comportant de l’hydroxychloroquine d’un côté, ses détracteurs de l’autre. Tout le monde avait un avis : infectiologues, médecins des plateaux télé, footballeurs, philosophes, et même hommes politiques à l’étranger. Je ne savais pas quoi en penser. Je prescris de l’hydroxychloroquine depuis vingt ans et j’ignorais qu’il pouvait potentialiser les effets d’un antiinfectieux. Je ne suis pas certaine qu’il ait vraiment un intérêt pour guérir plus vite du Covid 19.

Mais devant l’angoisse de cette malédiction invisible et sournoise, touchant sans distinction les gens connus, les pauvres, les riches, les fragiles, tuant même les jeunes, il est naturel d’espérer un antidote au plus vite. On a besoin d’un miracle. Il est même heureux que ce soit un grand professeur en infectiologie, que j’ai la chance d’avoir rencontré, qui soit devenu l’homme providence qui le prodigue et pas n’importe quel gourou.

Evidemment ni son attitude ni sa démarche ne sont les bonnes, évidemment pour conclure, il faut hâter les essais, les réaliser vite mais bien, avec un groupe placebo (groupe contrôle). L’utilisation hors AMM en ville d’un médicament n’est pas un frein, elle n’est pas rare et l’obtention d’une ATU à l’hôpital non plus. Evidemment il faut tenir compte des antécédents des patients, en particulier cardiaques, des interactions médicamenteuses.

Néanmoins, lui, il a cette forme d’intelligence qu’est l’intuition, advienne que pourra, il a cette détermination.
Ces éléments ont vraiment fait défaut au début de la gestion de cette épidémie. Des consignes précises, un cap qu’on prend dès le départ pour ne pas le quitter, des paroles claires, apaisantes, sans travestir la vérité.

Manque de communication ou pas assez de communication de manque ? Parce qu’on manque de tout : masques, tests, médicaments, respirateurs, lits, personnel. Au lieu d’être dignes et courageux comme des soignants, de ne pas attendre « qu’on vienne nous chercher », d’être honnêtes, on a inventé des subterfuges, on a botté en touche.
Nous assistons à un rendez-vous bien particulier avec l’histoire. C’est un moment à ne pas rater. C’est le moment où l’on met en berne l’économie et la politique au profit de notre bien le plus précieux : la santé.  FF



dimanche 27 octobre 2019

Mon anniversaire de choc (septique)


-      Joyeux anniversaire Flora, on t’a apporté une bouteille de champagne ! 

-      En fait, ce n’est pas mon anniversaire, je suis gémeaux, c’est mon anniversaire de choc septique ! 

-      Tu fêtes ton anniversaire de choc septique ?

-      Non, je fête la poursuite de ma vie. Mieux je célèbre à ma façon ceux qui ont rendu cela possible.

Ceux qui ont le courage de s’élever aux autres.
Ceux qui ont une passion pas une profession.
Ceux qui ignorent le mépris.
Ceux qui ne baillent pas pendant leurs réunions.
Ceux qui poursuivent inlassablement leur mission.
Ceux qui font fi de tout déni.
Ceux qui ont le vrai pouvoir, celui de soutenir, celui de guérir.
Ceux qu’on admire seulement quand on en a besoin, surtout lorsqu'on ignore encore à quel point on en a toujours besoin.

A vous tous, soignants en tout genre, un grand merci.

Et comme chaque année en octobre, j’ai une pensée particulière pour l’hôpital Ambroise Paré de Boulogne, ses urgences, son service de chirurgie digestive. Je pense à vous avec beaucoup d’émotion.

mercredi 10 juillet 2019

L'homéopathie suite mais pas fin






Les fronts ont continué de s'organiser pour ou contre le remboursement de l'homéopathie. D'un côté les opposants : des collectifs de médecins, des écrivains médecins et blogueurs, des journalistes et économistes de la santé et de l'autre différentes personnalités comme des sportifs ou des politiques…
Avec un soutien pour le moins étonnant : celui de l'ancien ministre de la santé Xavier Bertrand qu'on avait pu découvrir en photos sur les réseaux sociaux tenant une pancarte indiquant le hashtag monhoméomonchoix.

A ceci près qu'il ne s'agit pas de choix mais d'utilisation de l'argent de l'état, l'argent de nous tous, de l'argent qui ne va donc pas aux urgences, aux EHPAD ou dans l'organisation de la psychiatrie...

Il n'a jamais été question de dénigrer ou d'interdire l'homéopathie mais juste de rappeler les conditions de remboursement des médicaments. On ne peut confondre utilité et efficacité sur le plan scientifique. Je fais volontiers prendre des gélules d'arnica la veille de gestes esthétiques comme les injections d'acide hyaluronique mais j'ai toujours estimé que ce n'était pas à la sécurité sociale de prendre en charge leur remboursement.

J'ai eu la chance de pouvoir m'exprimer sur l'homéopathie dans un article (1) en octobre 2018 où je disais ceci entre autres :
En dermatologie, certains topiques aux substances actives n'ont jamais bénéficié d'un remboursement. Nombre de médicaments comme les veinotoniques ont été déremboursés pour service médical insuffisant. Ils n'ont pas montré d'efficacité thérapeutique satisfaisante. Nombre de soins médicaux et paramédicaux ne sont pas remboursés comme la psychomotricité libérale.

Alors, en l'absence de preuve scientifique apportée, de supériorité de l'effet de la molécule par rapport à un placebo, est-ce bien à la solidarité nationale de prendre en charge, même en partie, l'homéopathie? Est-ce bien rationnel et cohérent? Cela ne représente certes que 128 millions d'euros, une paille, par rapport aux autres dépenses mais une paille qui chatouille et on s'orienterait vers le "non" semble-t-il.
C'est une question très philosophique. Certains praticiens estiment aussi que c'est bafouer l'éthique du soin que d'encourager la prescription de substances sans effet pharmacologique démontré, c'est mentir au patient. C'est faire un pied de nez à tous les chercheurs qui ont passé des années sur leur microscope à trouver un principe capable d'améliorer notre santé, notre espérance de vie. Certains professionnels de santé redoutent le raccourci: médicament remboursé donc validé et indiqué. 

La haute autorité de santé a récemment sans surprise voté son déremboursement (2) et les discussions ont continué. Il a été question de poursuivre le remboursement de l'homéopathie seulement en partie (3).
Mais il semblerait que le déremboursement ait finalement été adopté (4). 
Cerise sur le labo, comme on n'a pas besoin d'argent tout de suite dans le domaine de la santé, le déremboursement total n'aura lieu qu'en 2021.

Ce déremboursement ne sonne bien sûr pas le glas de l'homéopathie aux millions d'adeptes, contrairement aux idées reçues. De nombreuses méthodes concourant au bien être et à la santé des gens sont déjà utilisées sans pour autant peser sur nos dépenses de santé : la méditation, l'aromathérapie...

Ce déremboursement va permettre de communiquer sur l'homéopathie, en publiant des articles, en faisant de la publicité, en la replaçant sur l'échiquier thérapeutique et en mettant en lumière ses bienfaits même s'il ne peut demeurer de lien avec la sécurité sociale. D'une manière générale, il ne faut pas laisser penser que ce lien est sacré et qu'il signe forcément l'utilité.






jeudi 4 octobre 2018

Polémique à doses homéopathiques


L’homéopathie est-elle une médecine comme les autres ? Doit-elle être prise en charge par la sécurité sociale? Ce n’est pas par animosité ou par anti-confraternité envers les homéopathes que ces questions reviennent sur le devant de la scène et ont donné lieu en mars 2018 à une tribune de médecins opposés. Ce débat, pas les affrontements stériles en découlant, est en fait passionnant parce qu’il dépasse largement le domaine de l’homéopathie ou des médecines dites parallèles.

Il nous permet de réfléchir plus largement à ce que sont en 2018 la santé, la médecine, et la ou les façons de les appréhender, la vision et les enjeux du soin ayant évolués. La santé, d’après la définition OMS, est désormais un état de complet  bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.

Au XVIIIe siècle, lorsque Hahnemann pose les bases de l’homéopathie (1), la médecine n’en n’est qu’à ses balbutiements et sa théorie semble pertinente :
« La méthode homéopathique est celle qui, calculant bien la dose, emploie contre l’ensemble des symptômes d’une maladie naturelle, un remède capable de provoquer chez l’homme bien portant des symptômes aussi semblables que possible à ceux que l’on observe chez le malade. »

Puis s’en suit la théorie de la dilution du principe actif pour éviter l’aggravation de la symptomatologie jusqu’à ne le retrouver qu’à des quantités infinitésimales (1) .On l’associe parfois à des plantes ou autres (on ignore souvent en quoi résident ces associations) et on en fait des granules, des comprimés ou des ampoules. Ces mélanges peuvent être personnalisables et adaptés au cas par cas.

Rapidement, on s’aperçoit qu’aucune donnée scientifique n’étaye l’efficacité pharmacologique de cette méthode, aucune véritable étude. Les médicaments homéopathiques ont un statut dérogatoire et shuntent le circuit habituel d’autorisation de mise sur le marché (AMM). Martin Winckler, médecin, d’abord auteur à la revue Prescrire avant de devenir un écrivain célèbre, s’est beaucoup penché sur cette question (2) et je le rejoins dans ses réflexions et ses conclusions.(3)

En dermatologie, certains topiques aux substances actives n’ont jamais bénéficié d’un remboursement. Nombre de médicaments comme les veinotoniques ont été déremboursés pour service médical insuffisant. Ils n’ont pas montré d’efficacité thérapeutique satisfaisante. Nombre de soins médicaux et paramédicaux ne sont pas remboursés comme la psychomotricité libérale.
Alors, en l’absence de preuve scientifique apportée, de supériorité de l’effet de la molécule par rapport à un placebo, est-ce bien à la solidarité nationale de prendre en charge, même en partie, l’homéopathie ? 
Est-ce bien rationnel et cohérent ? (4) Cela ne représente certes que 128 millions d’euros, une paille, par rapport aux autres dépenses mais une paille qui chatouille et on s’orienterait vers le « non » semble-t-il.

C’est une question très philosophique. Certains praticiens estiment aussi que c’est bafouer l’éthique du soin que d’encourager la prescription de substances sans effet pharmacologique démontré, c’est mentir au patient. 
C’est faire un pied de nez à tous les chercheurs qui ont passé des années sur leur microscope à trouver un principe capable d’améliorer notre santé, notre espérance de vie. Certains professionnels de santé redoutent le raccourci : médicament remboursé donc validé et indiqué.

En fait, le problème est plus cornélien que prévu car le soin n’est pas que pharmacologique.
La notion d’effet placebo (3), qui n’est ni un terme péjoratif ni un synonyme de magie, prend ici tout son sens. Complexe, il aide les patients même si ce réconfort n’est pas quantifiable. D’autre part, ce n’est pas parce qu’un traitement n’est pas nécessaire qu’il est inutile.

Force est de constater que les français sont très attachés à l’homéopathie et que l’on y a tous recours à un moment ou un autre de nos vies. 
A l’arnica pour les hématomes ou après des soins de dermatologie esthétique. Aux sédatifs homéopathiques parce qu’on ne veut pas d’accoutumance et qu’on les estime plus naturels. Lorsqu’on a une infection virale sans gravité, on sait qu’elle va finir par disparaître seule, mais on aime se sentir épaulés.
De nombreux français apprécient les homéopathes pour leur écoute attentive (non pas qu’elle soit absente chez les autres), la prescription d’un traitement personnalisé, un mélange rien que pour eux avec des jolis mots latins.

Les homéopathes apportent un soin d’accompagnement, un bien être. On en revient à la définition de la santé de l’OMS. Ils ne peuvent tout guérir, ils ne peuvent se substituer aux cancérologues ou aux hématologues. De même que l’hypnose ne remplace pas l’anesthésie mais c’est une mesure accompagnante possible intéressante.

Alors, quelle place accorder aux médecines dites alternatives ? 
D’abord, commençons par changer cette désignation car ces deux mots sont antinomiques. A la médecine, aux données de la science, il n’y a pas d’alternative. Aucune confusion n’est à tolérer. Parlons plutôt de soins alternatifs, de mesures associées.
Une place de support car toute aide pour se sentir en bonne santé est non négligeable. F




4      4 https://www.jim.fr/medecin/actualites/pro_societe/e-docs/homeopathie_vous_reprendrez_bien_une_petite_dose_de_polemique__173553/document_jim_plus.phtml