Trois jours après le début du confinement, j’ai senti
brutalement mon cœur se serrer et ma respiration s’accélérer à tel point que
j’étais concentrée dessus. J’ai cru à un infarctus du myocarde. Et puis, un
cortège de signes fluctuant d’un jour à l’autre qui ne s’intégraient dans rien
de connu : fièvre, courbatures atroces, perte complète du goût et de
l’odorat, soif… Certains perdurent encore aujourd’hui.
Le test de dépistage a confirmé la présence de Coronavirus
dans le nasopharynx. J’ai eu des moments très difficiles avec des quintes de
toux, une fatigue incroyable m’obligeant à dormir plus de la moitié de la
journée, des épisodes de confusion, la peur de m’étouffer.
Ce virus semble extrêmement agressif, il est à l’origine d’une
symptomatologie très riche en touchant différents organes, bien sûr l’envahissement
des poumons, mais probablement également le système nerveux central. Ce qui
pourrait jouer dans la perte de l’odorat et du goût plus que par une atteinte
de la sphère ORL, et agir sur la symptomatologie respiratoire en précipitant la
désaturation (manque d’oxygène dans le sang). Bien entendu, ce ne sont que des
hypothèses, je n’ai pas la légitimité de tirer ces conclusions.
Il y a quelques jours, relevant un instant le nez de ma
profonde léthargie, j’ai réalisé que la France était désormais scindée en deux :
les pro-Raoult et sa proposition de traitement comportant de l’hydroxychloroquine
d’un côté, ses détracteurs de l’autre. Tout le monde avait un avis :
infectiologues, médecins des plateaux télé, footballeurs, philosophes, et même hommes
politiques à l’étranger. Je ne savais pas quoi en penser. Je prescris de
l’hydroxychloroquine depuis vingt ans et j’ignorais qu’il pouvait potentialiser
les effets d’un antiinfectieux. Je ne suis pas certaine qu’il ait vraiment un
intérêt pour guérir plus vite du Covid 19.
Mais devant l’angoisse de cette malédiction invisible et
sournoise, touchant sans distinction les gens connus, les pauvres, les riches,
les fragiles, tuant même les jeunes, il est naturel d’espérer un antidote au
plus vite. On a besoin d’un miracle. Il est même heureux que ce soit un grand
professeur en infectiologie, que j’ai la chance d’avoir rencontré, qui soit
devenu l’homme providence qui le prodigue et pas n’importe quel gourou.
Evidemment ni son attitude ni sa démarche ne sont les
bonnes, évidemment pour conclure, il faut hâter les essais, les réaliser vite
mais bien, avec un groupe placebo (groupe contrôle). L’utilisation hors AMM en
ville d’un médicament n’est pas un frein, elle n’est pas rare et l’obtention
d’une ATU à l’hôpital non plus. Evidemment il faut tenir compte des antécédents
des patients, en particulier cardiaques, des interactions médicamenteuses.
Néanmoins, lui, il a cette forme d’intelligence qu’est
l’intuition, advienne que pourra, il a cette détermination.
Ces éléments ont vraiment fait défaut au début de la
gestion de cette épidémie. Des consignes précises, un cap qu’on prend dès le
départ pour ne pas le quitter, des paroles claires, apaisantes, sans travestir
la vérité.
Manque de communication ou pas assez de communication de
manque ? Parce qu’on manque de tout : masques, tests, médicaments, respirateurs,
lits, personnel. Au lieu d’être dignes et courageux comme des soignants, de ne
pas attendre « qu’on vienne nous chercher », d’être honnêtes, on a inventé
des subterfuges, on a botté en touche.
Nous assistons à un rendez-vous bien particulier avec l’histoire.
C’est un moment à ne pas rater. C’est le moment où l’on met en berne l’économie
et la politique au profit de notre bien le plus précieux : la santé. FF
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