La plupart
des parents voient la rentrée des classes comme un passage en classe
supérieure, une simple formalité, même s'ils semblent toujours un peu stressés.
Mais pour bien des enfants et leurs parents, la scolarité est un chemin de
croix semé d'obstacles et de difficultés.
Florence, une de mes patientes, m'a ainsi évoqué le cas d'Evan son fils, avant
les grandes vacances.
D'abord un bébé magnifique, souriant, presque trop souriant, avec déjà des
réactions exacerbées au bruit notamment. Etant sa mère, Florence savait que
quelque chose ne tournait pas rond, il était différent de ses 2 autres enfants.
Elle avait soulevé le problème, la pédiatre avait alors calmé le jeu. Puis, les
soupçons continuaient, le doute s'insinuait.
Dès la rentrée en Petite Section à 3 ans, Florence est convoquée avec le père
d'Evan, piétinés, déchirés par son institutrice qui le jugeait insolent et mal
élevé.
Florence s'est heurté à l'énorme fourmilière des psychologues dans laquelle les
autorités de santé feraient mieux de mettre un bon coup de pied tant il y a à
boire et à manger.
Les choses ont empiré, la vie quotidienne devenait monotone dans l'horreur des
répétitions, des obsessions, des pleurs, des cris, des angoisses...
Les bons moments, Florence les savourait, ils devenaient plus rares que les
bons.
La famille était proche de l'implosion.
L'Education Nationale a baissé les bras qu'elle n'avait jamais levé d'ailleurs.
L'enseignante de moyenne section, une bergère standard, trop occupée à mener
son troupeau d'élèves à la transhumance, ne s'intéressait pas à cette brebis
galeuse, même si à 4 ans et demi, la brebis égarée savait déjà lire.
Evan ne ressentait pas les choses normalement, ni ses propres émotions, ni
celles des autres, il n'arrivait pas à profiter correctement de lui-même, il
était comme encombré.
Les diagnostics allaient bon train, ceux de l'entourage, avec les mots de
l'entourage, hyperactif, surdoué, autiste, trouble envahissant du développement
... et ceux de l'APHP, avec des avis parfois contradictoires.
La recherche de causes est l'étape suivante car en médecine, un symptôme
correspond à une cause qui correspond à un traitement... Enfin, c'est ce qu'on
voudrait...Si seulement c'était aussi simple...
Qui dit cause dit aussi coupable ou faute. Qui est responsable? Les gènes?
Florence et son manque d'affection? Ou au contraire l'Œdipe étouffant ? Le gluten?
Les protéines animales?
Le manque de concentration du petit garçon l'a obligé rapidement à avoir une
auxiliaire de vie scolaire à ses côtés en classe, métier d'utilité publique,
sans vraie formation diplômante, avec un salaire de misère et un contrat
précaire.
La façon de les recruter reste une énigme pour les parents, leur changement est
fréquent même en plein milieu de l'année laissant un sentiment d'abandon pour
les enfants très délétère.
Pour obtenir ce soutien, il faut réaliser un dossier auprès de la MDPH (maison
départementale des handicapés) ce qui classifie l'enfant dans les handicapés,
ceci dit sans aucun jugement.
Cette classification englobe apparemment tout type de différences.
Et puis, les années ont passé, tantôt avec des enseignants compréhensifs et
intéressés par la différence, tantôt avec des enseignants incapables de toute
réflexion ou peu motivés, ou les deux...
L'entourage de Florence la prend pour une Madone, une femme forte en titane. En
vérité, elle n'a aucun autre choix que celui de s'adapter.
L'adaptabilité est une qualité essentielle, surtout pour être parent mais aussi
pour être enseignant. Si c'est quelque part se rassurer que de dire que la
différence est une chance, savoir l'apprivoiser est une preuve d'intelligence.
F
Tres beau billet. la diversité est une richesse.
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