mercredi 10 juillet 2019

L'homéopathie suite mais pas fin






Les fronts ont continué de s'organiser pour ou contre le remboursement de l'homéopathie. D'un côté les opposants : des collectifs de médecins, des écrivains médecins et blogueurs, des journalistes et économistes de la santé et de l'autre différentes personnalités comme des sportifs ou des politiques…
Avec un soutien pour le moins étonnant : celui de l'ancien ministre de la santé Xavier Bertrand qu'on avait pu découvrir en photos sur les réseaux sociaux tenant une pancarte indiquant le hashtag monhoméomonchoix.

A ceci près qu'il ne s'agit pas de choix mais d'utilisation de l'argent de l'état, l'argent de nous tous, de l'argent qui ne va donc pas aux urgences, aux EHPAD ou dans l'organisation de la psychiatrie...

Il n'a jamais été question de dénigrer ou d'interdire l'homéopathie mais juste de rappeler les conditions de remboursement des médicaments. On ne peut confondre utilité et efficacité sur le plan scientifique. Je fais volontiers prendre des gélules d'arnica la veille de gestes esthétiques comme les injections d'acide hyaluronique mais j'ai toujours estimé que ce n'était pas à la sécurité sociale de prendre en charge leur remboursement.

J'ai eu la chance de pouvoir m'exprimer sur l'homéopathie dans un article (1) en octobre 2018 où je disais ceci entre autres :
En dermatologie, certains topiques aux substances actives n'ont jamais bénéficié d'un remboursement. Nombre de médicaments comme les veinotoniques ont été déremboursés pour service médical insuffisant. Ils n'ont pas montré d'efficacité thérapeutique satisfaisante. Nombre de soins médicaux et paramédicaux ne sont pas remboursés comme la psychomotricité libérale.

Alors, en l'absence de preuve scientifique apportée, de supériorité de l'effet de la molécule par rapport à un placebo, est-ce bien à la solidarité nationale de prendre en charge, même en partie, l'homéopathie? Est-ce bien rationnel et cohérent? Cela ne représente certes que 128 millions d'euros, une paille, par rapport aux autres dépenses mais une paille qui chatouille et on s'orienterait vers le "non" semble-t-il.
C'est une question très philosophique. Certains praticiens estiment aussi que c'est bafouer l'éthique du soin que d'encourager la prescription de substances sans effet pharmacologique démontré, c'est mentir au patient. C'est faire un pied de nez à tous les chercheurs qui ont passé des années sur leur microscope à trouver un principe capable d'améliorer notre santé, notre espérance de vie. Certains professionnels de santé redoutent le raccourci: médicament remboursé donc validé et indiqué. 

La haute autorité de santé a récemment sans surprise voté son déremboursement (2) et les discussions ont continué. Il a été question de poursuivre le remboursement de l'homéopathie seulement en partie (3).
Mais il semblerait que le déremboursement ait finalement été adopté (4). 
Cerise sur le labo, comme on n'a pas besoin d'argent tout de suite dans le domaine de la santé, le déremboursement total n'aura lieu qu'en 2021.

Ce déremboursement ne sonne bien sûr pas le glas de l'homéopathie aux millions d'adeptes, contrairement aux idées reçues. De nombreuses méthodes concourant au bien être et à la santé des gens sont déjà utilisées sans pour autant peser sur nos dépenses de santé : la méditation, l'aromathérapie...

Ce déremboursement va permettre de communiquer sur l'homéopathie, en publiant des articles, en faisant de la publicité, en la replaçant sur l'échiquier thérapeutique et en mettant en lumière ses bienfaits même s'il ne peut demeurer de lien avec la sécurité sociale. D'une manière générale, il ne faut pas laisser penser que ce lien est sacré et qu'il signe forcément l'utilité.






jeudi 4 octobre 2018

Polémique à doses homéopathiques


L’homéopathie est-elle une médecine comme les autres ? Doit-elle être prise en charge par la sécurité sociale? Ce n’est pas par animosité ou par anti-confraternité envers les homéopathes que ces questions reviennent sur le devant de la scène et ont donné lieu en mars 2018 à une tribune de médecins opposés. Ce débat, pas les affrontements stériles en découlant, est en fait passionnant parce qu’il dépasse largement le domaine de l’homéopathie ou des médecines dites parallèles.

Il nous permet de réfléchir plus largement à ce que sont en 2018 la santé, la médecine, et la ou les façons de les appréhender, la vision et les enjeux du soin ayant évolués. La santé, d’après la définition OMS, est désormais un état de complet  bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.

Au XVIIIe siècle, lorsque Hahnemann pose les bases de l’homéopathie (1), la médecine n’en n’est qu’à ses balbutiements et sa théorie semble pertinente :
« La méthode homéopathique est celle qui, calculant bien la dose, emploie contre l’ensemble des symptômes d’une maladie naturelle, un remède capable de provoquer chez l’homme bien portant des symptômes aussi semblables que possible à ceux que l’on observe chez le malade. »

Puis s’en suit la théorie de la dilution du principe actif pour éviter l’aggravation de la symptomatologie jusqu’à ne le retrouver qu’à des quantités infinitésimales (1) .On l’associe parfois à des plantes ou autres (on ignore souvent en quoi résident ces associations) et on en fait des granules, des comprimés ou des ampoules. Ces mélanges peuvent être personnalisables et adaptés au cas par cas.

Rapidement, on s’aperçoit qu’aucune donnée scientifique n’étaye l’efficacité pharmacologique de cette méthode, aucune véritable étude. Les médicaments homéopathiques ont un statut dérogatoire et shuntent le circuit habituel d’autorisation de mise sur le marché (AMM). Martin Winckler, médecin, d’abord auteur à la revue Prescrire avant de devenir un écrivain célèbre, s’est beaucoup penché sur cette question (2) et je le rejoins dans ses réflexions et ses conclusions.(3)

En dermatologie, certains topiques aux substances actives n’ont jamais bénéficié d’un remboursement. Nombre de médicaments comme les veinotoniques ont été déremboursés pour service médical insuffisant. Ils n’ont pas montré d’efficacité thérapeutique satisfaisante. Nombre de soins médicaux et paramédicaux ne sont pas remboursés comme la psychomotricité libérale.
Alors, en l’absence de preuve scientifique apportée, de supériorité de l’effet de la molécule par rapport à un placebo, est-ce bien à la solidarité nationale de prendre en charge, même en partie, l’homéopathie ? 
Est-ce bien rationnel et cohérent ? (4) Cela ne représente certes que 128 millions d’euros, une paille, par rapport aux autres dépenses mais une paille qui chatouille et on s’orienterait vers le « non » semble-t-il.

C’est une question très philosophique. Certains praticiens estiment aussi que c’est bafouer l’éthique du soin que d’encourager la prescription de substances sans effet pharmacologique démontré, c’est mentir au patient. 
C’est faire un pied de nez à tous les chercheurs qui ont passé des années sur leur microscope à trouver un principe capable d’améliorer notre santé, notre espérance de vie. Certains professionnels de santé redoutent le raccourci : médicament remboursé donc validé et indiqué.

En fait, le problème est plus cornélien que prévu car le soin n’est pas que pharmacologique.
La notion d’effet placebo (3), qui n’est ni un terme péjoratif ni un synonyme de magie, prend ici tout son sens. Complexe, il aide les patients même si ce réconfort n’est pas quantifiable. D’autre part, ce n’est pas parce qu’un traitement n’est pas nécessaire qu’il est inutile.

Force est de constater que les français sont très attachés à l’homéopathie et que l’on y a tous recours à un moment ou un autre de nos vies. 
A l’arnica pour les hématomes ou après des soins de dermatologie esthétique. Aux sédatifs homéopathiques parce qu’on ne veut pas d’accoutumance et qu’on les estime plus naturels. Lorsqu’on a une infection virale sans gravité, on sait qu’elle va finir par disparaître seule, mais on aime se sentir épaulés.
De nombreux français apprécient les homéopathes pour leur écoute attentive (non pas qu’elle soit absente chez les autres), la prescription d’un traitement personnalisé, un mélange rien que pour eux avec des jolis mots latins.

Les homéopathes apportent un soin d’accompagnement, un bien être. On en revient à la définition de la santé de l’OMS. Ils ne peuvent tout guérir, ils ne peuvent se substituer aux cancérologues ou aux hématologues. De même que l’hypnose ne remplace pas l’anesthésie mais c’est une mesure accompagnante possible intéressante.

Alors, quelle place accorder aux médecines dites alternatives ? 
D’abord, commençons par changer cette désignation car ces deux mots sont antinomiques. A la médecine, aux données de la science, il n’y a pas d’alternative. Aucune confusion n’est à tolérer. Parlons plutôt de soins alternatifs, de mesures associées.
Une place de support car toute aide pour se sentir en bonne santé est non négligeable. F




4      4 https://www.jim.fr/medecin/actualites/pro_societe/e-docs/homeopathie_vous_reprendrez_bien_une_petite_dose_de_polemique__173553/document_jim_plus.phtml




















mardi 31 juillet 2018

Vous n'attendez pas qu'on vienne vous chercher

Vous êtes médecin de garde lorsque l'infirmière vous appelle pour un patient en arrêt cardio-respiratoire. Etat inattendu pour ce patient sans antécédent particulier connu. Vous le massez, l'infirmière lui injecte une ampoule sous-cutanée d'adrénaline à votre demande, vous remuez dans tous les sens devant le chariot de réanimation mais rien n'y fait. L'infirmière remonte le drap sur ce visage figé et vous murmure gentiment, la main sur votre épaule : c'est fini.
Vous êtes chirurgien en train d'opérer au bloc opératoire, une chirurgie de routine. Soudain, un bruit strident se fait entendre, l'électrocardiogramme est plat, les manœuvres de l'anesthésiste sont vaines, le patient vient de mourir sous vos yeux ébahis. Vous ignorez si vous avez fait une erreur dans la procédure comme fissurer une artère ou pas, et peu importe, la résultante est la même. Le décès est prononcé. Vous vous pencherez sur le dossier dans un deuxième temps mais il y a plus urgent.
Vous retirez votre masque et votre blouse. Vous inspirez un bon coup.

Et là, alors que vous n'avez même pas de conseiller en communication payé des millions (emploi fictif ou inutile?), vous vous préparez à vous adresser à la famille du défunt avec courage et honneur.
Vous savez bien que ça n'effacera rien. Votre première déclaration sera pourtant déterminante.
Pas tant sur le plan juridique ou judiciaire, mais plutôt sur le plan humain.
Pour vous, pour eux. Pour leur dire que vous n'êtes pas irréprochable, que vous êtes un humain.
Pour leur montrer que, responsable ou non, vous comprenez leur colère et leurs doutes, que vous appartenez comme eux à l'espèce humaine. 
Vous êtes désolé et c'est la chose que vous dites d'emblée et pas une semaine après. 
Chaque mot est réfléchi, décidé. Vous approuvez André Breton lorsqu'il dit : '' un mot et tout est perdu, un mot et tout est sauvé.'' 
Et ceci même si votre erreur ne portait pas à conséquence, même si elle était plus une affaire d'été qu'une affaire d'état. Vous n'attendez pas qu'on vienne vous chercher.
Vous vous exprimez clairement avec des mots justes et vrais, adressés à tous et pas uniquement à un public déjà conquis.
Vous essayez de ne pas tout engluer dans une bouillie faussement bienveillante.
Vous montrez votre solidarité et votre honnêteté.
Vous ne dissimulez pas la vérité, vous ne cherchez pas d'excuse, vous n'affichez pas de déni, vous ne minimisez pas les faits. Ce n'est pas vous la victime.
Vous n'accusez pas les éléments ou d'autres protagonistes.
Nul doute alors, vous êtes un soignant, pas un homme politique.

samedi 19 mai 2018

SAMU, je te dois mon salut!


Les soignants du libéral ou du service publique sont régulièrement pris pour cible et de plus en plus malgré un système de santé envié par de nombreux pays. Parfois de manière si virulente qu'on a la sensation que tout ce système est remis en cause à chaque instant.

Tout le monde y passe : les médecins, les pompiers, les urgences puis plus récemment le très apprécié SAMU.

Le service d'aide médicale urgente ou SAMU a été crée pour assurer les secours urgents, l'assistance pré-hospitalière des patients en urgence absolue, toute cause confondue (malaise, accident…)
Dans les années 50, il s'agissait surtout d'assurer les transports entre les hôpitaux de patients graves, qui habituellement mourraient dans les ambulances ordinaires, sans matériel de réanimation, sans oxygène, notamment lors d'épidémies.
Puis se sont dessinées les notions de régulation de l'urgence, de coordination des soins, de programmation en amont, dans les années 60-70.
Un médecin anesthésiste-réanimateur le Pr Virenque prend les commandes du premier SAMU en 1972 et le 15 est mis en place en 1979.

Le SAMU intervient non seulement pour les premiers soins mais aussi lors des situations de crises sanitaires aigues et d'urgences collectives, peut mettre en place si besoin des postes médicaux avancés.

Les médecins du SAMU prennent part à des gestes de plus en plus complexes bien avant l'arrivée à l'hôpital : fibrinolyse c'est-à-dire reperfusion d'une artère bouchée lors d'un infarctus du myocarde lorsque le délai d'arrivée en unité de soins intensifs cardiaques est jugé trop long, mise en place d'une circulation extra corporelle lors d'un arrêt cardiaque…
Cette invention de génie qu'est le SAMU s'est largement exportée et s'est internationalisée.
La régulation médicale chapeautée par le médecin régulateur (la gestion des appels au centre 15) va de l'aide téléphonique à l'envoi d'ambulances simples ou non.

Ce tri (ce triage même) est une notion ancienne qui a débuté lors des guerres ou des catastrophes, selon la gravité et le pronostic des patients. Lors de la première guerre mondiale, ce tri était effectué par des chirurgiens expérimentés puis le tri se poursuivait à l'entrée à l'hôpital par des infirmiers d'orientation.
Ce ''choix'', cette sélection par les équipes soignantes, et j'entends par équipe soignante, tous les protagonistes, de l'opérateur au médecin, est cornélien. Il dépend de nombreux paramètres pas toujours scientifiques, parfois très intuitifs. La première interaction avec un patient n'est pas toujours aisée et a fortiori par téléphone.

Sans défendre personne, la critique des soignants est souvent malhabile, trop facile, contre productive.
Il n'est pas non plus acceptable que lorsque vous tapiez SAMU sur un moteur de recherche, ne s'affichent que des articles relatant de fautes, de plaintes, de procès en cours.
Les commentaires négatifs, les propos les plus diffamatoires, que ni l'Ordre des Médecins ni le Ministère de la santé n'essaient d'interdire, déchirent la toile et se répandent comme une traînée de poudre.

Bien entendu, il faut pointer du doigt les dysfonctionnements, administratifs, individuels, médicaux, enseigner, former, organiser.
Mais à bon escient, pour avancer, pour progresser, pas en jetant les soignants en pâture à la foule et aux médias.

Comme beaucoup de personnes en France, je dois mon salut au SAMU.
Une septicémie sur une péritonite, et le glissement rapide vers un choc septique.
Je ne saurais jamais le nom du réanimateur qui m'a sauvé sinon je lui aurais érigé une statue. Je me souviens uniquement de sa voix grave, qui dans mon semi-coma, annonçait à ses collègues, calme et déterminé : ''ça y est, je l'ai récupérée'' F








mercredi 2 août 2017

La vaccination en questions et en réflexions


J'ai eu l'occasion de bénir la vaccination et ses inventeurs à de nombreuses reprises dans ma vie. Lorsque toute petite j'ai eu la rougeole. La vaccination n'était pas encore de mise. Un épisode douloureux et indélébile, la fièvre, l'inquiétude de mes parents, la fête pour célébrer ma guérison. 
Puis beaucoup plus tard de garde aux urgences pédiatriques, lorsque j'ai perdu un patient de 2 ans d'un purpura fulminans ( lésions dermatologiques liées à une infection par un méningocoque) malgré un diagnostic précoce et une instauration rapide des antibiotiques. 
Et enfin, lorsque j'ai observé, toujours aux urgences, une atteinte pharyngée incroyable chez un jeune roumain. Je n'ai alors pas évoqué la diphtérie, j'ignorais même que cette pathologie perdurait.
Depuis l'annonce du Pr Buzyn, nouvelle ministre de la santé, de rendre obligatoires 11 vaccins, la fronde anti vaccinale se mobilise (1) La période est à la méfiance et à la prudence, et internet se charge de jeter des pavés dans la marre et de rendre virale cette prudence. Les pétitions pullulent (2) et pas uniquement chez les adeptes du tout naturel. 
D'abord le doute est semé sur la dangerosité des vaccins en terme de contenus: aluminium (3), mercure, extraits d'êtres vivants (4)...
Les polémiques enflent: certains vaccins seraient suspectés d'entraîner des pathologies graves telles que la sclérose en plaques ou l'autisme. 
Les soupçons se répandent comme des traînées de poudre peu importe la nature des données sur lesquelles ils s'appuient. 
Les complots déchirent la toile. 
L'imputabilité des vaccins dans la genèse de l'autisme, me paraît personnellement difficile à établir.
C'est donc aux (vrais) scientifiques et à la justice de s'exprimer sur le sujet.
Les vaccins ont des effets secondaires certes, mais ils sont rares voire exceptionnels, connus, avérés et quantifiés.
Les détracteurs de la vaccination reprochent également aux laboratoires les bénéfices liés à la commercialisation des vaccins (3). Ce seraient les laboratoires qui pousseraient à l'obligation vaccinale pour s'enrichir sur le dos de la sécurité sociale et donc de nous tous.
Alors qu'ils auraient tellement plus à gagner si les gens n'étaient pas vaccinés vu les conséquences ... 
Les traitements curatifs sont toujours plus onéreux que les traitements préventifs. 
Cette animosité contre le monde médical est intéressante, le bashing du lien santé-argent est très classique. Laissons aux plus idiots l'indécence de telles pensées.
En revanche, j'ai noté parmi mes lectures deux éléments pertinents (5) qui donnent matière à réflexion; d'une part, ce n’est pas l’importance d’une maladie qui détermine l’introduction d’un vaccin mais la commercialisation d’un vaccin qui génère une priorité de santé publique concernant une maladie. 
D'autre part, un vaccin est présumé efficace tant que son inefficacité n’a pas été démontrée mais un effet indésirable est présumé fortuit tant qu’on n’a pas pu prouver de lien de causalité avec le vaccin incriminé.
De mauvais arguments sont parfois mis en avant pour promouvoir la vaccination et les anti vaccins les utilisent contre nous. 
Par exemple, on ne peut pas attribuer la diminution de la mortalité infantile en France uniquement à la vaccination de masse.
En effet, les conditions de vie et en particulier sanitaires se sont largement améliorées, la toile de fond est incomparable.
L'épidémie de choléra sévissant actuellement au Yémen (déjà plus de 2000 morts) est liée aux mauvaises conditions hygiéniques. 
La vaccination ne constitue donc pas la seule prévention. 
Avoir une action directe sur l'origine et la diffusion des agents infectieux est primordial quand cela est possible.
Autre mauvais argument: il n'est pas exact que la vaccination évite toujours et totalement la maladie. Le BCG notamment n'évite pas la primo infection tuberculeuse mais il limiterait la gravité de la tuberculose (en particulier la miliaire tuberculeuse)
Et pourtant même si la vaccination n'est pas tout, l'Organisation mondiale de la santé estime qu'elle demeure l'une des interventions sanitaires les plus efficaces et les plus économiques. 
Elle a permis d’éradiquer la variole, de réduire de 99 % à ce jour l’incidence mondiale de la poliomyélite, et de faire baisser de façon spectaculaire la morbidité, les incapacités et la mortalité dues à la diphtérie, au tétanos, à la coqueluche et à la rougeole. Pour la seule année 2003, on estime que la vaccination a évité plus de 2 millions de décès.
Pourquoi alors refuser la vaccination?
Parce qu'on croit à la séquence: je mange sain ça ira bien, aucune maladie dans ma vie...Si seulement c'était aussi simple.
Parce qu'on croit à la vaccination des autres. Si tout le monde est déjà vacciné, à quoi ça sert de se vacciner? 
À ceci près que les populations ne sont pas sédentaires. Elles migrent, s'expatrient, voyagent, se rencontrent.
Parce qu'on compte sur nos moyens techniques pour traiter ces maladies si elles arrivaient? Sauf que parfois le diagnostic de certaines pathologies n'est pas aisé et donc tardif.
Je vous ai parlé de la diphtérie mais j'ai eu aussi beaucoup de mal à reconnaître une rougeole lorsque j'en ai reçu une au cabinet il y a deux ans. 
J'en connaissais à peine la description et je n'en avais observé que dans les livres.
Enfin, la vaccination ne vaut que si elle est réalisée en masse pour éviter la propagation des pathologies, pourquoi s'opposer à cet acte de solidarité?
Faut-il par contre mettre sur le même plan ces 11 agents infectieux qui ont des modes de contamination si différents? 
Faut-il en passer par une obligation étatique? La coercition est elle une solution meilleure que la discussion?
Comme il est d'usage: je déclare n'avoir aucun conflit d'intérêt, ou plutôt je n'ai pas de conflit mais j'ai beaucoup d'intérêt.

F



(1) http://www.huffingtonpost.fr/2017/07/16/vaccin-obligatoire-comment-les-anti-vaccins-sorganisent-pour-i_a_23031372/
(2) https://petitions.santenatureinnovation.com/11-vaccins-bientot-obligatoires/script/
(3) http://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/vaccins-aluminium-autisme-la-video-eclairante-d-un-medecin-contre-les-rumeurs_1927989.html
(4) http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/07/24/les-vaccins-contiennent-ils-du-porc-du-chien-et-du-f-tus-humain_5164373_4355770.html
(5) http://docteurdu16.blogspot.com/2017/05/cmt-est-il-legitime-de-rendre.html

dimanche 16 juillet 2017

Mon sexe il est fun!


Depuis la nuit des temps, avoir un sexe au top nous préoccupe. Il faut d'abord qu'il soit attirant, parfois totalement épilé à l'égyptienne, parfois orné.

Les critères varient selon les époques et les tendances. Des petits rubans attachés sur leurs poils pubiens par les maîtresses des Rois de France aux teintures parfois très colorées de la pilosité intime en passant par le pubis strassé ou vajazzling (1).
On l'enjolive, on le rajeunit, on lui donne bonne mine, grâce à la cosmétique: crème repulpante, hydratante, éclaircissante. 
Il existe aussi du lipstick et du gloss pour les petites lèvres dans de nombreuses teintes.
Puis, on cherche comment améliorer les sensations, comment rendre les rapports inoubliables.

Cette obsession est désormais affichée, et plus uniquement réservée aux milieux spécialisés. Utilisation de gels lubrifiants en tout genre, introduction de différents objets : sex toy devenu classique, cigare chic (et présidentiel)...
Quel médecin n'a jamais observé les incidents et les accidents liés à ces introductions?

Certaines décorations transforment ces sensations comme les piercings génitaux (2) parfois au prix de déchirures des muqueuses.
Les bouglous, petits éléments cylindriques posés sous la peau de la verge, au cours d'un rite de passage, ont le vent en poupe notamment en Guyane française (3).

Ainsi, on croyait tout savoir sur comment pimenter notre sexualité jusqu'à il y a quelques mois où s'est produit un tremblement de terre dans le monde de l'orgasme (4). 
Les paillettes de vagin ou passion dust intimacy capsule viennent d'une start-up américaine et promettent des rapports fun et étincelants. 

Ces capsules sont à insérer dans le vagin une heure avant de faire l'amour. Les paillettes colorées et comestibles se libèrent grâce aux sécrétions vaginales et donneraient un goût agréable, doux et sucré à la vulve et au vagin.
Cette poussière magique a vite joui d'un tel bouche à oreille de la part des consommateurs/trices qu'elle est en rupture de stock. 
Leur couverture médiatique est très large (5,6,7...) dans les magazines féminins et les quotidiens. 

Mais la sonnette d'alarme a été tirée par les gynécologues: les paillettes sucrées feraient varier l'équilibre de la flore vaginale et favoriseraient les infections bactériennes et mycosiques ainsi que les irritations.
Par ailleurs, certaines trouvent sexiste qu'il faille des artifices pour rendre leur vagin plus attractif. Comme si le naturel ne pouvait pas donner seul l'envie d'y goûter.

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samedi 1 juillet 2017

A l'immortelle Mme Veil (un monument parmi les monuments)


Peu de personnes font véritablement l'histoire de France, sont véritablement l'histoire de France. Et vous en êtes, Mme Veil.
Vous avez subi une zone noire de l'histoire de France que vous avez fini par partager pour que personne ne puisse avoir l'indécence d'oublier ou l'impudence de relativiser.
Vous avez éclairé une autre partie de cette histoire en permettant un droit humain fondamental.
Au lieu de rester une histoire de femmes, qui plus est, légères et inconséquentes, l'avortement est devenu, grâce à vous, un débat sur la société, un débat sur la liberté, et a fini par concerner tout le monde.
Vous avez réussi à tordre les piliers censés guider nos décisions, opposés à notre indépendance, tels que la religion et sa morale (voire sa moralisation) ainsi que l'ordre établi, que vous avez osé remettre en question.
Tenter d'effacer enfin la confusion entre femme libre et femme facile.
Vous avez pris la parole si courageusement pour changer nos destinées devant un public hostile, peu convaincu.
Vous nous avez permis une réponse non clandestine, consentie, réfléchie certes uniquement par la femme, à une grossesse non désirée ou inattendue, parfois malgré une contraception jugée maîtrisée. Même si c'est toujours une réponse lourde et terrible, car c'est une décision toujours difficile.
Pour avoir rencontré de nombreuses femmes dans cette situation, et vous Madame Veil l'avez rappelé, la souffrance y demeure systématique.
Mais quelles que soient les motivations de ce recours, il donne lieu à des discussions, certes, mais désormais sans diabolisation, sans notion de punition.
Ne nous méprenons pas. Vous avez toujours défendu la vie mais pas dans n'importe quelle condition, pas par obligation.
Et choisir l'IVG, ce n'est pas détruire une vie, bien au contraire, c'est l'épargner, c'est décider, c'est soulager... Même si ce soulagement, tardif, est amer et incomplet, il est préféré à une vie forcée.
Alors que nos sœurs à l'étranger n'ont toujours pas les mêmes libertés, et ne sont pas prêtes de les avoir, que le droit à l'avortement est remis en question dans certains pays d'Europe comme l'Espagne ou la Pologne, le combat doit continuer et comme le disait l'autre Simone (de Beauvoir):
"N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant."

Vous représentez la grandeur de la France. Ainsi, le Président Macron vous a consacré ce jour de juillet.
Et pardonnez-moi l'expression, c'est une sorte de double doigt d'honneur à vos détracteurs, remplis de haine et de noirceur. 

Votre entrée au Panthéon a ainsi rendu définitif, au moins mentalement, le droit fondamental qu'est le droit à l'avortement et a scellé à jamais votre combat pour la mémoire de la Shoah. Ces deux épisodes sont désormais gravés dans le marbre pour l'éternité.

Vous êtes un monument parmi les monuments.
Comme tous les académiciens et les monuments, vous êtes immortelle, Mme Veil.

F