mardi 31 mars 2020

Communication virale


Trois jours après le début du confinement, j’ai senti brutalement mon cœur se serrer et ma respiration s’accélérer à tel point que j’étais concentrée dessus. J’ai cru à un infarctus du myocarde. Et puis, un cortège de signes fluctuant d’un jour à l’autre qui ne s’intégraient dans rien de connu : fièvre, courbatures atroces, perte complète du goût et de l’odorat, soif… Certains perdurent encore aujourd’hui.

Le test de dépistage a confirmé la présence de Coronavirus dans le nasopharynx. J’ai eu des moments très difficiles avec des quintes de toux, une fatigue incroyable m’obligeant à dormir plus de la moitié de la journée, des épisodes de confusion, la peur de m’étouffer.

Ce virus semble extrêmement agressif, il est à l’origine d’une symptomatologie très riche en touchant différents organes, bien sûr l’envahissement des poumons, mais probablement également le système nerveux central. Ce qui pourrait jouer dans la perte de l’odorat et du goût plus que par une atteinte de la sphère ORL, et agir sur la symptomatologie respiratoire en précipitant la désaturation (manque d’oxygène dans le sang). Bien entendu, ce ne sont que des hypothèses, je n’ai pas la légitimité de tirer ces conclusions.

Il y a quelques jours, relevant un instant le nez de ma profonde léthargie, j’ai réalisé que la France était désormais scindée en deux : les pro-Raoult et sa proposition de traitement comportant de l’hydroxychloroquine d’un côté, ses détracteurs de l’autre. Tout le monde avait un avis : infectiologues, médecins des plateaux télé, footballeurs, philosophes, et même hommes politiques à l’étranger. Je ne savais pas quoi en penser. Je prescris de l’hydroxychloroquine depuis vingt ans et j’ignorais qu’il pouvait potentialiser les effets d’un antiinfectieux. Je ne suis pas certaine qu’il ait vraiment un intérêt pour guérir plus vite du Covid 19.

Mais devant l’angoisse de cette malédiction invisible et sournoise, touchant sans distinction les gens connus, les pauvres, les riches, les fragiles, tuant même les jeunes, il est naturel d’espérer un antidote au plus vite. On a besoin d’un miracle. Il est même heureux que ce soit un grand professeur en infectiologie, que j’ai la chance d’avoir rencontré, qui soit devenu l’homme providence qui le prodigue et pas n’importe quel gourou.

Evidemment ni son attitude ni sa démarche ne sont les bonnes, évidemment pour conclure, il faut hâter les essais, les réaliser vite mais bien, avec un groupe placebo (groupe contrôle). L’utilisation hors AMM en ville d’un médicament n’est pas un frein, elle n’est pas rare et l’obtention d’une ATU à l’hôpital non plus. Evidemment il faut tenir compte des antécédents des patients, en particulier cardiaques, des interactions médicamenteuses.

Néanmoins, lui, il a cette forme d’intelligence qu’est l’intuition, advienne que pourra, il a cette détermination.
Ces éléments ont vraiment fait défaut au début de la gestion de cette épidémie. Des consignes précises, un cap qu’on prend dès le départ pour ne pas le quitter, des paroles claires, apaisantes, sans travestir la vérité.

Manque de communication ou pas assez de communication de manque ? Parce qu’on manque de tout : masques, tests, médicaments, respirateurs, lits, personnel. Au lieu d’être dignes et courageux comme des soignants, de ne pas attendre « qu’on vienne nous chercher », d’être honnêtes, on a inventé des subterfuges, on a botté en touche.
Nous assistons à un rendez-vous bien particulier avec l’histoire. C’est un moment à ne pas rater. C’est le moment où l’on met en berne l’économie et la politique au profit de notre bien le plus précieux : la santé.  FF



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