A la faveur d’une sortie au mieux maladroite d’un candidat à la présidentielle, l’accueil des enfants et adolescents en situation de handicap a pu être enfin évoqué, pendant toute une journée. Et de nombreux politiques ont montré une méconnaissance très inquiétante du sujet. Je suis moi-même la maman d’un adolescent handicapé, différent, atypique, handicapé tout court, handicapé léger selon certains nuanciers.
Je dois écouter depuis ses 4 ans des remarques plus
blessantes les unes que les autres de la part des enseignants, de la part de parents,
de la part de certains enfants manipulés par ces mêmes parents.
« Il ralentit la classe »
« J’espère qu’un jour il trouvera sa place »
« Que fait-il dans cette classe ? »
« Je suis enseignant, pas éducateur spécialisé »
Je vis depuis ses 4
ans au rythme des consultations, des réunions pédagogiques, des notifications de la MDPH, des PPS, des
recherches d’AVS puis d’AESH: celles qui s'arrêtent du jour au lendemain parce qu'elles en ont assez de cet emploi précaire, celles dont le contrat s'arrête brutalement, les candidat(e)s de Pôle Emploi plus ou moins intéressé(e)s et plus ou moins formé(e)s aux personnes handicapées... Je suis confrontée à des choix.
Cela fait donc des années que je réfléchis, que je cherche
où il apprendrait mieux, où il serait mieux, où on l’accepterait mieux. Il
existe de nombreuses structures et modalités d’accueil et en classe « ordinaire »
avec un accompagnement personnalisé et dans des structures : CLIS à l’école,
ULIS, IME, IM pro, HDJ…
Malheureusement, il n’y a pas encore assez de structures,
pas assez d’accompagnants, pas assez de personnes motivées, avec des salaires
ridicules. Des associations tentent de palier les insuffisances de l'état.
Malgré l’attitude volontariste de rares politiques qui ont
fini par se pencher sur la situation, trouver le chemin de l’autonomie, avoir
un parcours efficace et stable à l’école pour nos enfants et adolescents handicapés
demeure un chemin de croix. C'est un chemin semé d'embûches empruntée par toute une famille. Parce que la gestion du handicap ne concerne pas qu'une personne mais bien toute une famille. Ainsi des millions de personnes sont confrontées à cette situation de manière directe ou indirecte.
Néanmoins, même si l’intégration des enfants handicapés reste
compliquée, si elle requiert une organisation et des moyens qu’on est toujours
loin d’avoir, il est violent et méprisant de nous parler de « l’obsession
de l’inclusion » ou « d’égalitarisme ». La question est en effet
légitime et cruciale et la réponse ne peut être que nuancée.
Le fait que pour l’instant, l’inclusion ne soit pas une réussite, et qu’à ce stade je préfère parler de tolérance plus que d’inclusion, ne justifie en rien un retour en arrière, bien au contraire. Ce n’est pas l’inclusion à tout prix qu’il faut prôner mais la véritable inclusion. C'est un véritable enjeu de société. C’est une promesse républicaine et universaliste que nous ne devons pas quitter. Ce n'est pas uniquement par humanité ou solidarité.
Une éducation adaptée de l’enfant en difficultés dès son
plus jeune âge, mais aussi de son entourage, de ses camarades, de ses
enseignants, avec des intervenants formés qui les guident et les supervisent
pour que le handicap finisse par apparaître uniquement comme une différence. FF