vendredi 3 décembre 2021

Journée mondiale des personnes handicapées: s'adapter

 

Mon grand garçon,

Aujourd’hui je profite de la journée internationale des handicapés pour te dire à quel point je suis désolée.

Désolée d’être encore si marquée par l’injustice, percutée par cette déflagration, d’être aussi choquée des années après.

Cela fait pourtant si longtemps que je te sais handicapé.

Employer un autre terme comme atypique ou différent n’y changerait rien et galvauderait le véritable terme : handicapé.

Vraiment désolée de ne pas toujours réussir à « m’adapter » voire de ne pas toujours vouloir « m’adapter ».

Je ne sais pas constamment comment t’appréhender, comment t’apaiser, comment te protéger.

Je me suis adressé à Necker, j’ai cru choisir les meilleurs professionnels de santé pour nous aider mais je n’ai finalement qu’écouter des rassuristes me marteler qu’au fil du temps « ça allait s’arranger » et que « ça s’harmoniserait ».

Je me sentais à tort réconfortée.

J’ai dû si souvent donner l’impression d’avoir attendu, d’avoir espéré te ramener vers la « normalité » et même de te comparer, au lieu d’accepter.

J’adorerais être un de ces parents, que je comprends, en faisant mine de trouver des bénéfices à cette situation, en clamant que tu m’as rendu meilleure.

Ceci, même si j’en conviens volontiers, la différence oblige à l’intelligence.

J’aimerais tellement narrer tes exploits, avoir pour toi une sorte d’admiration béate consolatrice.

Je suis navrée de ne pas trouver cette « situation » dérisoire.

Je voudrais bien nous tranquilliser en me disant qu’heureusement la société, a évolué, mais je trouve que justement elle n’a pas encore assez évolué.

Seule la tolérance est accessible mais pas encore l’inclusion.

Et pourtant, tu m’as appris à aimer, à aimer vraiment, parce que c’est là qu’est le véritable amour, celui qui est réaliste, sans compromis, sans conditions, envers et contre toutes les situations.

Mais il ne faut pas plier, il ne faut pas s’abriter derrière ton handicap.

Malgré les difficultés, j’ai choisi le bonheur et je ferai tout pour que ce soit aussi ton choix. 

FF


Et lisez absolument S'adapter de Clara Dupont-Monod si ce n'est déjà fait.


 

jeudi 11 novembre 2021

Confidences d'une dermatologue dans Psychologies magazine par Elyane Vignau

 Parce qu’ils soignent la peau, les dermatologues sont aussi bien consultés pour des maladies affichantes que des problèmes très intimes, pour de l’acné mais aussi certains cancers, sans compter les demandes esthétiques… A quoi peut donc bien ressembler leur quotidien professionnel ? Dans son livre  Confidences d’une dermatologue, Flora Fischer lève le voile sur les aspects les plus forts – et les plus psys, aussi – de son métier , et décrit sa fascination pour la peau et ses mystères. Interview.

La dermatologie est-elle une spécialité médicale « comme les autres » ? A la lecture de votre livre, on découvre un certain nombre de particularités…

La dermatologie est avant tout une spécialité très étendue, c’est d’ailleurs ce que j’ai toujours aimé. On traite des questions assez banales, qui ne sont pas graves du tout, comme des pathologies infectieuses, inflammatoires et des cas parfois très graves, avec la cancérologie cutanée. C’est aussi une spécialité qui se coordonne avec d’autres : la pédiatrie, la cancérologie et la psychologie, aussi. C'est une spécialité très riche sur le plan intellectuel, mais aussi sur le plan humain. 

Justement, votre métier induit-il un côté « psy » un peu plus développé ? On parle souvent des relations entre notre peau et notre mental…

C’est vrai, en dermatologie, nous avons une relation particulière avec les patients. Dans nos consultations, les rapports au corps et à l'intimité y sont omniprésents et donnent parfois lieu à des situations étonnantes ou embarrassantes. Les patients se mettent nus et se mettent à nu et me font entrer dans leur univers privé. Par exemple, il est plutôt rare de raconter à son ORL des détails sur ses relations amoureuses. Alors que je suis, moi, du fait de ma spécialité, au cœur de multiples confidences. Je passe de pathologies courantes à des maladies plus délicates et j’en vois souvent des vertes et pas mûres.


Vous mentionnez également des demandes de patients assez particulières, notamment en esthétique, qui peuvent être problématiques en tant que médecin.

Nous sommes amenés à voir des patients qui vont nous faire des demandes esthétiques extrêmes. Et ça, oui, c’est très compliqué. Il faut parvenir à évaluer ce que les patients attendent d’une réparation, d’un changement ou d’une amélioration esthétique. Par exemple, si une patiente me consulte en me disant : « on voit trop mes sillons naso-géniens car j’ai perdu du poids récemment et cela me gêne » alors oui, très bien, c’est exactement un cas où il faut intervenir.

Mais si les demandes sont démesurées et que le patient pense qu’en changeant quelque chose dans son physique, tout va changer dans sa vie, s’il est persuadé que tous ses problèmes du moment vont être réglés avec un petite réparation, alors oui, là, c’est problématique.

Les chirurgiens esthétiques sont régulièrement confrontés à ce genre de demandes démesurées et nous devons tous nous rappeler qu’une demande de transformation physique radicale est une quasiment toujours une demande de transformation d’une histoire. Il est toujours dangereux de trop attendre d’une transformation physique.

Bien sûr, nous avons tous nos complexes, des choses que nous n’aimons pas dans notre apparence. Mais notre visage, bien souvent, représente notre identité, notre héritage, nos origines. Moi, par exemple, j’ai les taches de rousseur de ma grand-mère et je ne les aime pas trop, mais elles sont bien là. Beaucoup de très jeunes femmes se font opérer du nez pour avoir de tout petits nez, c’est à la mode, mais parfois, elles en ressortent un peu perturbées car elles ne retrouvent plus le caractère familial dans leurs traits…

Comment parvenez-vous à évaluer ce qui se cache vraiment derrière les demandes de ces patients ?

Ce n’est vraiment pas évident d’apprécier la demande d’un patient lors d’un simple rendez-vous. Et pas évident non plus de dire « non » et de faire comprendre cette décision. Je pense d’ailleurs que j’ai perdu certains patients précisément parce que je leur avais dit non.

Les cours de médecine ne nous préparent pas concrètement à faire face à ces situations. Pendant mes études, j’ai suivi des cours d’éthique en 3ème année, notamment avec Axel Khan ; mais ensuite, que ce soit pendant mon internat ou ma spécialisation de dermato, je n’ai pas eu, en plus de la formation pratique, de cours sur la relation médecin-patient. Comment faire quand on est seul face à un patient qui hurle ? Comment réagir face à un patient qui veut se transformer exagérément sur le plan esthétique ? On l’apprend seul en cabinet, sur le tas.

Et qu’en est-il de l’annonce de maladies graves, vous qui, notamment, traitez certains cancers ?

L’annonce d’une pathologie grave est toujours difficile. Elle est difficile à l’hôpital : il n’y a pas d’espace intime, le personnel va et vient dans la pièce, les patients s’enchaînent… C’est le problème de l’hôpital qui tend à déshumaniser les rapports humains.  Mais au milieu de toutes les blouses, le patient comprend qu’il a toute une équipe pour s’occuper de lui, ce qui peut le rassurer.

C’est précisément ce qui est dur quand on travaille en cabinet : quand on donne un diagnostic, on est seul face au patient, à sa pathologie, à son agressivité aussi parfois. La parole ne peut plus être diluée entre les différents médecins, comme à l’hôpital, où plusieurs personnes interviennent, du chef de service à l’interne.

Donc oui, c’est toujours difficile, mais comme partout, il y a des gens qui sont plus doués que d’autres pour les relations humaines. Par exemple, certains médecins sont venus à la médecine car ce qu’ils aiment, c’est régler un « problème du corps » avec les connaissances dont on dispose. Percer une énigme grâce à des indices… C’est typiquement le cas « Dr House ». Mais ces personnes-là ne sont pas toujours intéressées par la relation avec le malade. Or la médecine, et la dermatologie certainement un peu plus encore, est un métier de contact. Que l’on soit formé ou non, mieux vaut être à l’aise avec les relations humaines.

On évoque souvent un lien fort entre notre peau et notre état psychique, nos états d’âme, nos émotions. Ce lien dont on parle souvent est-il prouvé scientifiquement ?

Des liens sont prouvés, en effet. Mais ils ne se caractérisent pas toujours d’une manière aussi simple qu’on le croit. Par exemple, on ne peut pas dire « Je suis stressé, j’ai une crise de psoriasis ». Car le stress seul ne provoque pas le psoriasis, en général il faut des antécédents, etc… Mais effectivement, on sait que des états de stress déclenchent des poussées de certaines pathologies : l’eczéma, le psoriasis, la dermite séborrhéique.

Mais le lien direct est toujours difficile à établir. Par exemple, on parle souvent de la pelade, qui est une maladie auto-immune qui fait perdre ses cheveux, ses sourcils et qui est donc très affichante. On a souvent tendance à chercher un facteur déclenchant du côté d’un stress très fort, d’un décès, etc… Sauf que lorsqu’on fait des biopsies sur les zones concernées, on remarque des infiltrats inflammatoires, des infiltrats lymphocytaires… Cela signifie qu’il y a une réelle pathologie dermatologique, mais on ne sait pas quelle est la « cascade inflammatoire » qui l’a provoquée. Et l’on se dit que les facteurs psychologiques ont un rôle. J’ai effectivement vu dans ma carrière des petits patients qui faisaient des pelades fin août avant la rentrée scolaire ! Donc oui, il y a forcément un lien mais le lien scientifique et biologique est compliqué à établir.

Après des années d’études et d’exercice, la peau vous a-t-elle livré tous ses secrets ? N’y a-t-il pas un effet de lassitude ?

La peau est vraiment un organe à part : elle est la première chose que l’on voit chez quelqu’un, elle est liée à la beauté, à notre état physique… Il n’y a qu’à voir tout le tintamarre autour du bronzage, que l’on associe dans nos esprits à quelqu’un qui est en forme physiquement… Alors que la seule conclusion que l’on pourrait tirer face à quelqu’un de bronzé, c’est qu’il a été sur la plage et qu’il a pris le soleil.

D’un point de vue physiologique, la peau est aussi une barrière, un révélateur de problèmes physiques, on vient d’en parler, de problèmes psychiques. Mais c’est aussi et surtout un organe de la symbolique : « avoir quelqu’un dans la peau », « se mettre dans la peau de », « être mal dans sa peau »... On ne dit jamais « être mal dans ses reins » ! La peau est un organe noble, et un organe incroyable.


lundi 26 juillet 2021

La vaccination véritable enjeu des élections (chapitre 2)


 

Fin décembre 2020, débutait timidement, notamment faute de doses disponibles, la campagne de la vaccination contre le Covid 19 en France avec Mauricette. J’avais eu l'occasion de m'exprimer sur le sujet (1). Nous allions enfin entrevoir le bout du tunnel. Naturellement, j'ai couru me faire vacciner à l'hôpital Beaujon dès que j'ai obtenu un rendez-vous mi-janvier. Ce matin-là, j'étais entourée des internes des urgences et de la réanimation, arrivés en masse, émus aux larmes. Ne plus revivre cette hécatombe, apporter sa contribution à cette opération de sauvetage planétaire, éviter des décès, remettre à flot l'économie… En l'absence d'autres thérapeutiques efficaces, je ne voyais que des bonnes raisons à cette vaccination sûre et active (2), ce n'était pas un sujet de réflexion, voire je n'imaginais pas d'alternative, pas d'autres solutions.

Lorsque j'ai quitté Beaujon en arborant mon badge bleu de vaccinée, une passante a levé les yeux au ciel en l'apercevant et m'a craché dessus.

Puis, j'ai posté fièrement la photo de ce badge sur les réseaux sociaux. Certains contacts m'ont trouvé chanceuse et ils avaient raison. D'autres m'ont insulté. Et Clem, une ancienne copine de lycée, a fait ce commentaire-fleuve avec des ingrédients bien connus maintenant de la croyance pure où les faits sont soumis à une théorie contrairement à la science, et ils sont présentés avec certitude et une étonnante véhémence.

Depuis que l’infection au Sars Cov 2 a touché la France, on n’a cessé d’entendre les voix discordantes des méfiants artisanaux et industriels. Cette crise nous a permis de reparler du complotisme. Ce phénomène, bien qu’ancien, a posé question à cette occasion.   Certains conspirationnistes sont radicaux, structurés, habités. Plus que défiants, ils sont anti-système, ils présentent l’actualité comme étant une mise en scène dont profiterait les puissants. Ces mécanismes ont été bien étudiés et décrits,  mis au « goût » du jour : par l’essayiste Marie Peltier, Rudy Reichstadt fondateur de Conspiracy Watch, dans le reportage de Martin Weil, dans le numéro spécial de Zadig de Eric Fottorino…

Qui observe-t-on dans cette fosse à sceptiques ? Des allumés adeptes de l’immunité naturelle, des oligo-éléments ou des huiles essentielles ? Ceux qui boivent leur urine ou font des incantations? Pas uniquement. L’éventail est multiple avec des éléments en commun. J’en veux pour exemples leurs hésitations entre l’extrême droite et l’extrême gauche, l’utilisation de thématiques pitoyables redondantes : chemises noires, étoiles jaunes, pandémie capitaliste voire sioniste, leur vision noire de notre avenir d’esclaves à la merci de nos gouvernants qui nous maintiendraient dans un régime dictatorial…Leurs dogmes plombent des mesures efficaces, ils se raccrochent à des éléments bancals pour étayer leurs théories. Ils sont des éponges à rumeurs.

Qui sont-ils ? A qui profite ce mouvement d’« opposants » ? Des femmes et hommes politiques en mal d’électeurs ? Des artistes en mal de reconnaissance ? Des influenceurs des réseaux sociaux ? Des délinquants scientifiques ? Des charlatans ? J’en passe et des meilleurs. C’est pour eux une occasion rêvée de s’ériger en contestataire absolu, d’enfin prendre la lumière. Elle risque de ne pas se représenter. Leurs affirmations vont bien au-delà de la mauvaise foi, ils parviennent à tenir des propos presque aussi délirants que ceux des patients vus par les psychiatres de garde aux urgences, avec des éléments paranoiaques ou des thèmes mégalomaniaques. Les complotistes sont évidemment des antivax convaincus.

Cependant, depuis que des doses de vaccins sont théoriquement désormais disponibles dans toute la France au plus de 16, puis au plus de 12 ans, on note que dans la population adulte réticente à la vaccination, il n’y a pas que des complotistes loin s’en faut. Même si certains affichent une certaine complaisance envers eux.

Et le « je ne suis pas antivax mais » est en passe de remplacer le « je ne suis pas raciste mais »

Tous les médecins en rencontrent sur leurs lieux d’exercice. J’étais étonnée, début juillet, de les voir encore nombreux lorsque je demandais : « ça y est, vous êtes vacciné(e) ? »

« Vous croyez ? Mais je suis jeune et sportif »

« Que sait-on vraiment de ces vaccins »

« On verra à la rentrée ! »

Certains sont des égoïstes affichés, des dénialistes, d’autres des doutants, des hésitants, des n’y pensant plus, des « ni pour ni contre, bien au contraire » qui ne demandent qu’à basculer vers un camp ou un autre. A l’étranger, on nous perçoit comme des occidentaux gâtés. Et le variant delta de progresser.

Alors le président Macron a tranché le 12 juillet en décidant d’établir le Pass sanitaire et l’obligation vaccinale des soignants. Il n’a plus tergiversé. Il s’est finalement montré déterminé. Après des discussions, oppositions, et des manifestations, ce Pass vient d’être adopté par le Parlement. Et le nombre de vaccinations a fait un énorme bond.

Pouvions-nous vraiment éviter ces injonctions ?

Sans ressasser l’année 2020, les mensonges et les errements du gouvernement ont entaché la confiance des français. Puis lorsque la campagne vaccinale a débuté avec un rythme très léger, on avait l’impression que le gouvernement attendait notre adhésion, que la vaccination n’était qu’une possibilité. La vaccination était proposée sans manœuvre incitative, en attendant que les gens se rapprochent de la vaccination et pas le contraire. Ce d’autant que son accés est inégal selon les territoires (déserts médicaux, nombre de doses différent, rendez-vous surtout par internet, pas de vaccinodromes mobiles…) et que la vaccination seule ne suffit pas. Aucune véritable stratégie ne se dessinait.

Et tout le monde ne va pas vers l’information. Nombreux sont les français qui n’ont pas de médecin à qui parler. Ils ne disposent pas des mêmes informations. Le grand public lit rarement Nature ou le New England Journal of Medecine. Ils regardent la télévision, suivent les réseaux sociaux, les chaînes Youtube. Ainsi, la nuance ne faisant pas d’audience, certains médias ont porté aux nues des rassuristes, des scientifiques ou des pseudoscientifiques qui ne connaissaient rien au Covid mais s’exprimaient à longueur de journée, sur les différentes vagues, sur les soi-disant traitements précoces…Désinformation ou trop plein d’informations. Les français ne savaient plus à quel sachant se vouer.

Le civisme a été préféré à l’égoisme (3) pour s’en sortir tous ensemble ce 12 juillet. L’exécutif n’est pas qu’un arbitre, il peut adopter des mesures contraignantes, c’était aux adversaires politiques de démontrer avec de bons arguments s’ils en avaient, que la ceinture de sécurité vaccinale portait atteinte aux libertés individuelles.

Bien que je n’aie aucun sens politique et aucune légitimité dans ce domaine, je crois que le président Macron a pris la bonne décision. Je n’aimerais pas être son adversaire lors des prochaines élections. FF

 

1.     https://www.causeur.fr/la-vaccination-enjeu-des-elections-190071

2.     https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejmoa2034577

3.     https://www.lopinion.fr/edition/politique/choix-nous-plutot-que-je-250101

 

 

mardi 8 juin 2021

DEDICACES A LA FNAC DES TERNES LE JEUDI 24 JUIN A 18H


 Chers amis, chers collègues,

j'espère vous voir nombreux jeudi 24 juin à 18h à la Fnac des Ternes à Paris pour une rencontre autour de mon livre "Confidences d'une dermatologue" paru chez Robert Laffont.

A bientôt.

FF

lundi 5 avril 2021

Un pour cent (dédié à la journée mondiale de l'autisme le 2 avril)

 

Mon petit chéri,


On a déjà supporté tellement de situations depuis le « mais qu’est-ce qu’il a ? » ou « il est mal élevé » jusqu’à « ne vous attendez pas à des miracles ».

 

On a eu le loisir pendant toutes ces années de réfléchir à ce qu’est la tolérance et l’inclusion, mais aussi l’indifférence. Beaucoup se sont donné bonne conscience parce qu’ils ne pouvaient pas faire autrement, certains ont confondu tolérance et condescendance « c’est pas grave, fais-toi aider ».

 

Parce qu’autiste, tu es différent, et cette différence-là, ce n’est pas juste de la diversité.  Elle gène tous les aspects de ta vie. Tu es empêché. Elle t’envahit. 

Le Pr Delorme a même employé le terme de maladie. L’affiliation à la MDPH (maison départementale des handicapés) ne fait que l’appuyer. Elle pourrait d’ailleurs se nommer plus positivement Maison de l’inclusion, Maison des différences, ou Maison des solutions mais non c’est le mot handicapé qui a été préféré.

 

On a observé la profondeur de la bêtise humaine.  Mais aussi l’hostilité parce que parfois le regard est plus méchant qu’ignorant y compris parmi les enseignants : « il ralentit la classe » et le commentaire du prof de maths de 6e avec l’approbation de la principale : « j’espère que tu trouveras un établissement qui te correspondra mieux », ce qui en dit long sur l’inclusion…

On a consulté, reconsulté.

 

On a écouté les autres nous détailler les choses formidables que leurs enfants accomplissaient , vers quelle voie eux se destinaient.

On a eu les yeux mouillés quand tu n’étais pas invité. Aux réunions, aux rencontres sportives, aux anniversaires, aux soirées. On a affronté tellement de regards.

Je t’ai vu serrer les dents quand tu entendais la musique d'une fête voisine à laquelle personne n’avait envisagé de te convier.

 

J’ai si souvent mal dormi à me demander ce que tu deviendrais, qui t’aimerait, qui seraient tes appuis, tes amis.

 

 On a heureusement eu la chance de connaître la bienveillance dans notre entourage immédiat ou lointain : nos proches, des professeurs des écoles, des AVS (auxiliaires de vie scolaire) et même cette amie qui m’a proposé de venir t’aider en classe bénévolement. On a croisé la gentillesse et la compassion, ça nous a redonné confiance en l’humanité.

Des artistes se sont déjà intéressés à notre combat parfois par la force des choses, avec leurs films, leurs livres : Samuel le Bihan, Olivier Nakache et Eric Toledano, …

 

Les autistes sont souvent dépeints comme ayant des pouvoirs extraordinaires tels des médiums hypersensoriels ou des génies en mathématiques. Cela m’a toujours interpellé.

Les parents d’autistes comblant un cruel défaut de compliments, ou naturellement aveuglés par un amour inconditionnel, emploient des expressions mielleuses à leur endroit : « il est vraiment super mon fils ». On en arrive à perdre en lucidité. On imagine un don du ciel. On envisage même les bénéfices de cette contrainte.« Avoir un enfant handicapé m’a rendu meilleur ou plus empathique ». 

 

Mais les autistes sont avant tout des personnes en grande souffrance à soutenir et à aider.

 Cette semaine a eu lieu la journée mondiale de l’autisme ce qui m’a évidemment remué le fer dans la plaie.

Alors mon chéri, comme dans la chanson, deviens génial.

Je te dirais volontiers que la route est longue mais cela supposerait que ce n’est qu’un passage obligé, que cette route a une fin.

 

Hors j’ai enfin cessé de croire au Père Noel, et au Pr G. pédopsychiatre renommé quand il déclarait : « Il est dysharmonique, petit à petit cela va se réharmoniser dans tous les domaines mais ça prendra quelques années encore. »

 

 Donc, continuons de l’appréhender, cette route est sinueuse je sais, j’en suis navrée, elle est parfois très dure, mais j’essaie de te donner de bonnes chaussures et de me tenir à tes côtés. 

FF

 

 

 

 

dimanche 21 mars 2021

CONFIDENCES D'UNE DERMATOLOGUE par la journaliste Isabelle Guardiola

 Dans « Confidences d’une dermatologue* », Flora Fischer partage sur sa pratique avec bon sens et humanité.  

Flora Fischer est de la génération X. Celle d’avant les repos compensateurs de garde et d’avant #metoo. Dans son récit-témoignage, sur sa pratique à l’hôpital et libéral, elle adopte un ton simple et direct, revigorant et réconfortant dans notre société. Elle fut interne dans les années 90, celles du sida et du Kaposi, où l’on n’épargnait pas les porteurs du virus, punis par là où ils avaient péché,  y compris dans les rangs des prêteurs du Serment d’Hippocrate : «  Alors le petit pédé de la chambre 32, il en est où ? ». 

Tact dermatologique

C’est cette recherche du ton juste pour s’adresser au patient, que nous fait partager Flora Fischer, qui jongle de consultations en vénérologie où elle n’en finit pas de découvrir les fantaisies de ses patients : « Le vagin n’est pas une bouche à nourrir ou à nettoyer » ; « docteur, mon piercing est coincé » …aux demandes esthétiques de plus en plus pressantes de patient(e)s de plus en plus jeunes.  

Une anecdote après l’autre, elle s’interroge sur ses modalités de réponses, d’explications fournies au patient, sur ses « obligations de médecin » et ce qui fait  « un bon médecin », en somme. L’intérêt de l’ouvrage est qu’il pose autant de questions qu’il ne livre de certitudes. Avec humilité, la dermatologue se demande que faire de mieux que du laser vasculaire à cette patiente venue consulter pour une impression de cuisson au visage, survenue depuis la mort de sa petite fille lors de l’attentat de Nice. Ou que répondre à cette jeune fille voilée qui se plaint de l’état de sa chevelure mais ne peut ôter son foulard que le soir, loin du regard des hommes.

Entre doutes et conviction

La quête de la bonne attitude « sans trop de proximité ni supériorité », des justes mots au moment de l’annonce de la mauvaise nouvelle et du « dosage vérité-empathie »  guident Flora Fischer qui décrit par petites touches la relation soignant-soigné, teintée encore davantage de fantasmes en ce qui concerne la dermatologie.  Finalement le bon médecin ? « D’abord une personne de bon sens ».

 

jeudi 25 février 2021

CONFIDENCES D'UNE DERMATOLOGUE (Robert Laffont)

 Bonjour je suis Flora Fischer. Médecin spécialiste en dermatologie installée en libéral depuis plus de 10 ans, je suis également blogueuse et contributrice au Huffpost, Causeur, Libre.be…depuis 4 ans.

Je voulais vous annoncer la sortie de mon premier livre "Confidences d'une dermatologue" chez Robert Laffont.

D’abord, je raconte mon parcours de médecin, des études au choix de ma spécialité. De mes moments passés en tant qu’étudiante, externe et interne à l’hôpital, avec mes hésitations et mes regrets.

Je souhaitais intéresser les lecteurs aux aspects scientifiques et anatomiques de ma spécialité en leur exposant des cas cliniques de mon quotidien. J'y dévoile les aspects et les secrets de ma vie de dermatologue.

 Je décris mes journées de consultation dans mon cabinet. C'est une spécialité très riche tant sur le plan intellectuel que sur le plan humain. 

Les rapports au corps et à l'intimité y sont omniprésents et donnent parfois lieu à des situations étonnantes ou embarrassantes. Les patients se mettent nus et se mettent à nu et me font entrer dans leur univers privé. Je suis au cœur de multiples confidences.

Je passe de pathologies courantes à des maladies plus délicates. 

Du sida dans les années 90 avec des atteintes cutanées majeures rendant cette pathologie reconnaissable aux  cas de cancérologie avec l'annonce du diagnostic toujours très difficile et ses questions. Des cas de dermatologie pédiatrique sur fond d'inquiétude des parents, des cas de dermatoses affichantes mal vécues. Des cas d'atteintes génitales comme la syphilis ou les morpions.


C’est aussi la spécialité de l’embellissement puisque les demandes d’amélioration et de correction des rides, de la qualité de la peau, et la recherche du rajeunissement sont de plus en plus fréquentes.

Sous couvert de symptômes qui sollicitent l'attention et la technicité du médecin et de la confiance qui se noue alors, les patients me confient leurs histoires.

Cette multitude de rencontres formidablement humaines, ne manque pas de faire écho à ma vie personnelle et me permet de nombreuses réflexions. 

Et surtout, je regarde avec beaucoup d'intérêt les attentes et les attitudes des patients. Notre métier à l’ère d’internet et des réseaux sociaux a totalement changé.

Les rapports médecin- patient et patient-médecin ainsi que les rapports entre les médecins ne sont plus les mêmes, je les considère et je tente de les analyser dans ce livre.

Plus largement, ce livre évoque la société dont j'ai la chance d'observer un échantillon tous les jours et ce depuis plus de 20 ans. Etre dermatologue c’est à la fois avoir la médecine et l’humain dans la peau.

 

Bonne lecture. Flora Fischer 

 


dimanche 31 janvier 2021

Confidences d'une dermatologue (Robert Laffont)

 

Mon premier livre "Confidences d'une dermatologue" paraît chez Robert Laffont, c'est celui en rose, au dessus du nouvel essai d'Onfray. Il reprend dans un récit les différents thèmes des billets d'humeur: le rôle, le parcours et les fonctions du médecin, les relations soigné-soignant, l'anatomie intime, le sexe et ses aventures, mais aussi la dermatologie esthétique, la médecine du futur...Je compte sur votre soutien. Flora Fischer (Docteur F)



dimanche 10 janvier 2021

La vaccination: véritable enjeu des élections

 J'ai déjà eu la chance de pouvoir exprimer à quel point je bénissais la vaccination, en tant que médecin et en tant que patiente. (1)

Depuis mars, alors que nous vivons une période noire mêlée d'inquiétude et de tristesse, cette lueur d'espoir qu'on attendait comme le messie est en chemin.

 Et là, alors que l'antidote a passé la phase 3 avec succès, que les premières commandes  ont été réalisées,  et qu'il est sur le point d'être livré, que se passe-t-il en amont ?

Voit-on des spots martelant sa venue comme une mesure au moins aussi essentielle que « tousser dans son coude » ? Des clips incitatifs qui parlent à tout le monde ?

 A-t-on orchestré un plan Marschall à la française en incitant à un grand élan de solidarité nationale autour d’une même cause ? Avec les élus locaux, avec les soignants ?

Les médecins, les infirmier(e)s ont-ils été contactés pour informer leurs patients, pour être opérationnels ? L’Armée, une réserve sanitaire, une réserve civile constituée de volontaires motivés ?

 Quelles structures vont être mises en place, avec qui ? Des centres de vaccination, des équipes mobiles, des pharmacies, des salles communales ?

La logistique, de l’approvisionnement à la conservation des doses jusqu’à l’injection des français qui ne souhaitent que revivre, a-t-elle été millimétrée ?

 Rien ne semble prêt. Ceci 500 jours avant les élections. Le mécanisme ne paraît en place pour un démarrage rapide alors que l'antidote arrive. Qu’a-t-on appris depuis mars ?

Seule la priorisation a été travaillée et explicitée.

On se prépare à se préparer tranquillement alors que l'épidémie a bien repris et que deux mutants du SarsCov2 émanant du Royaume Uni et d'Afrique du Sud ont émergé y compris sur notre sol. On est en retard par rapport à nos voisins européens qui ont reçu des premières doses en provenance de la centrale d'achat européenne sensiblement au même moment.

 

Encore bien plus par rapport à d'autres pays comme Israel, même si aucune comparaison n'est envisageable. C'est un pays fondé sur le « quoiqu'il en coûte », capable d'une détermination et d'une logistique inégalables, qui n'a jamais eu le luxe de la tergiversation.

 

Certains économistes sont vent debout dont Nicolas Bouzou (2) car « seule la vaccination de masse nous sortira de la crise économique et sociale » rappelle-t-il chaque fois que l'occasion lui est donnée. Les politiques, les artistes (3), les médecins (4)… expriment leur incompréhension.

 La faute à qui ? Une bureaucratie trop envahissante ? Des process qui empêchent d’avancer et nous font décliner (5) ?

Une entêtante envie d’avoir l’adhésion de tous les français tout de suite ? Du lourd recueil de consentement au choix des 35 citoyens présentée comme une victoire au bingo. Est-ce là l’égalitarisme que souhaitait le Président lorsqu’il disait « il n’y a pas de sachants et de subissants » ? Mais il y a bien pourtant un décidant.

Le Président dit également « qu’il faut être mobile, qu’il faut s’adapter », ce qui est une bonne chose mais il faut aussi devancer.

 La lenteur à l’allumage aggrave le sentiment de défaillance. Pourquoi la France qui parvient à faire voter 38 millions de français en 12h n’est pas sur les starting-block et prévoit une campagne vaccinale aussi longue ?

N’a-t-on pas envie de vite sauver le pays, de relancer l’économie, d’aller au théâtre ou au restaurant ?

 De plus, les interventions malheureuses des membres du gouvernement augmentent la défiance : lorsque Frédérique Vidal a l’air de sous-entendre qu’on attend un autre vaccin ou que Jean-Baptiste Djebbari indique un chiffre de doses reçues par la France erroné…

 

 Et si on laissait de côté les complotistes patentés, les s(c)eptiques, les doutants, les méfiants, les hésitants pour l’instant ? Seront-ils d’ailleurs à terme vraiment si nombreux ?

 Le Président Macron ne réussira pas à convaincre ceux qui ne l’ont pas élu, et prend le risque de ne plus convaincre son propre électorat. Alors qu’on est désormais moins de 500 jours avant les élections. Et ce n’est pas parce que pour l’instant, malgré l’existence d’opposants farouches ou modérés, il ne se dessine pas d’alternative raisonnable que dans moins de 500 jours ce sera aussi le cas. FF

 

1.     1- https://www.lalibre.be/debats/opinions/je-benis-la-vaccination-et-ses-inventeurs-opinion-598c84f5cd70d65d254d2b4c

2.     2- https://www.lefigaro.fr/conjoncture/nicolas-bouzou-seule-la-vaccination-de-masse-nous-sortira-de-la-crise-20201227

3.     3- https://www.telerama.fr/debats-reportages/ariane-mnouchkine-sur-le-vaccin-ministres-netes-vous-donc-pas-prets-6792434.php

4.     4- https://www.leparisien.fr/societe/sante/l-appel-des-medecins-pour-une-vaccination-plus-rapide-05-01-2021-8417371.php#xtor=AD-1481423552

5.     5- https://www.lefigaro.fr/vox/politique/la-lenteur-de-la-vaccination-francaise-est-un-symptome-de-notre-declassement-20210101