Les
fronts ont continué de s'organiser pour ou contre le remboursement
de l'homéopathie. D'un côté les opposants : des collectifs de
médecins, des écrivains médecins et blogueurs, des journalistes et
économistes de la santé et de l'autre différentes
personnalités comme des sportifs ou des politiques…
Avec
un soutien pour le moins étonnant : celui de l'ancien ministre
de la santé Xavier Bertrand qu'on avait pu découvrir en photos sur
les réseaux sociaux tenant une pancarte indiquant le hashtag
monhoméomonchoix.
A
ceci près qu'il ne s'agit pas de choix mais d'utilisation de
l'argent de l'état, l'argent de nous tous, de l'argent qui ne va
donc pas aux urgences, aux EHPAD ou dans l'organisation de la
psychiatrie...
Il
n'a jamais été question de dénigrer ou d'interdire l'homéopathie
mais juste de rappeler les conditions de remboursement des
médicaments. On ne peut confondre utilité et efficacité sur le
plan scientifique. Je fais volontiers prendre
des gélules d'arnica la
veille de gestes esthétiques comme les injections d'acide
hyaluronique mais j'ai toujours estimé que ce n'était pas à la
sécurité sociale de prendre en charge leur remboursement.
J'ai
eu la chance de pouvoir m'exprimer sur l'homéopathie dans un
article (1) en octobre 2018 où je disais ceci entre autres :
En
dermatologie, certains topiques aux substances actives n'ont jamais
bénéficié d'un remboursement. Nombre de médicaments comme les
veinotoniques ont été déremboursés pour service médical
insuffisant. Ils n'ont pas montré d'efficacité thérapeutique
satisfaisante. Nombre de soins médicaux et paramédicaux ne sont pas
remboursés comme la psychomotricité libérale.
Alors,
en l'absence de preuve scientifique apportée, de supériorité de
l'effet de la molécule par rapport à un placebo, est-ce bien à la
solidarité nationale de prendre en charge, même en partie,
l'homéopathie? Est-ce bien rationnel et cohérent? Cela ne
représente certes que 128 millions d'euros, une paille, par rapport
aux autres dépenses mais une paille qui chatouille et on
s'orienterait vers le "non" semble-t-il.
C'est
une question très philosophique. Certains praticiens estiment aussi
que c'est bafouer l'éthique du soin que d'encourager la prescription
de substances sans effet pharmacologique démontré, c'est mentir au
patient. C'est faire un pied de nez à tous les chercheurs qui ont
passé des années sur leur microscope à trouver un principe capable
d'améliorer notre santé, notre espérance de vie. Certains
professionnels de santé redoutent le raccourci: médicament
remboursé donc validé et indiqué.
La
haute autorité de santé a récemment sans surprise voté son
déremboursement (2) et les discussions ont
continué. Il a été
question de poursuivre le remboursement de l'homéopathie seulement
en partie (3).
Mais
il semblerait que le déremboursement ait finalement été adopté
(4).
Cerise sur le labo,
comme on n'a pas besoin d'argent tout de suite dans le domaine de la
santé, le déremboursement total n'aura lieu qu'en 2021.
Ce
déremboursement ne sonne bien sûr pas le glas de l'homéopathie aux
millions d'adeptes, contrairement aux idées reçues. De nombreuses
méthodes concourant au bien être et à la santé des gens sont déjà
utilisées sans pour autant
peser sur nos dépenses de santé :
la méditation, l'aromathérapie...
Ce
déremboursement va permettre de communiquer sur l'homéopathie, en
publiant des articles, en faisant de la publicité, en la replaçant
sur l'échiquier thérapeutique et en mettant en lumière ses
bienfaits même s'il ne peut
demeurer de lien avec la
sécurité sociale. D'une
manière générale, il ne faut pas laisser penser que ce lien est
sacré et qu'il signe forcément l'utilité.